Après un an de querelle diplomatique, le Maroc et la France ont fini par se réconcilier à travers le rétablissement du dialogue en janvier 2015, puis le déplacement ce jeudi du Premier ministre marocain à Paris.
La page est tournée. Lors de cette visite qui s’est tenue le 28 et 29 mai et qui officialise la renaissance d’une nouvelle amitié entre le Maroc et la France après un an de discorde diplomatique, les deux pays ont signé 14 accords économiques et une ligne de crédit de 25 millions d’euros visant à renforcer le partenariat franco-marocain en Afrique. Le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, accompagné d’une douzaine de ministres, a été reçu à Matignon par le Premier ministre français, Manuel Valls.
Selon le communiqué de Matignon, « le Maroc et la France ont décidé de renforcer le volet opérationnel du dispositif de coopération autour de cinq pôles thématiques : le dialogue diplomatique et stratégique, la sécurité, la compétitivité économique, le dialogue des sociétés et le développement durable. Les acteurs de ces cinq pôles se réuniront de manière régulière pour assurer le suivi des actions de coopération engagées dans ce cadre ».
La brouille entre Paris et Rabat remonte au début de l’année 2014 lorsque le royaume avait suspendu toute coopération judiciaire bilatérale après la convocation à la demande d’un juge français en février 2014 du patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, de passage à Paris. Ce dernier faisait l’objet de plaintes pour « tortures ». Le 31 janvier, après plusieurs mois de crise, la France et le Maroc avaient annoncé le « rétablissement immédiat » de leur coopération judiciaire et juridique.
Une réconciliation mal accueillie !
Cette réconciliation fait polémique. La nouvelle convention d’entraide judiciaire franco-marocaine, bientôt examinée par les parlementaires français, est vivement critiquée par des organisations de défense des droits de l’Homme qui la jugent « ambigüe » et y voient un moyen de museler la justice française.
Le texte précise en effet que la France devra informer « immédiatement » le Maroc de toute procédure sur des faits susceptibles d’impliquer un Marocain. Cette convention « favoriserait l’impunité pour les présumés responsables marocains de graves violations des droits humains », a affirmé un collectif d’associations (ACAT, Amnesty, FIDH, LDH et HRW) dans un communiqué, mercredi.