Le plus populaire des artistes africains se produisait hier soir sur la scène parisienne du New Morning. Son dernier album M’Boa Su confirme l’éclectisme d’un talent resté inclassable.
Manu Dibango n’est pas un musicien à la mode. Il est de toutes les modes et de tous les sons, depuis quarante ans. Il l’a prouvé une fois de plus hier soir, sur la scène parisienne du New Morning, où il venait offrir à un public de fidèles les musiques de son nouvel album Mboa’Su.
Le sax chevillé à son grand corps d’athlète, Manu trimballe avec lui son invariable boule à zéro, son sourire » Banania » et ses indéfectibles lunettes noires. Ces clichés de la première heure confortent le public dans son attachement à l’artiste : Manu Dibango est résolument le plus populaire de nos artistes africains. Entouré d’un groupe mixte de quatre musiciens et de trois choristes, il revisite avec enthousiasme le répertoire des standards africains.
Coquetterie rap
Un authentique » voyage musical » qui promène une salle pleine à craquer, depuis l’Afrique centrale des origines jusqu’en Afrique du Sud : soukous congolaise, accents de rumba zaïroise, clin d’oeil au Nigérian Fela, hommage au Sud-africain Franklin Boukaka avec le solennel morceau Aye Africa. Pour un peu, on se croirait dans ces guinguettes qui longent les routes des capitales africaines. Manu Dibango explore et mélange tous les styles, sa façon à lui de rallier tous les publics et toutes les générations.
N’a-t-il pas été l’un des premiers à faire se côtoyer jazz et groove ? Il distille un peu de reggae par-ci, un zeste de rythme techno par-là, et même un instant de coquetterie rap ! Pourtant ni rappeurs ni chroniqueurs de banlieues dans la salle. La variété jazz façon boîte de nuit africaine, ce n’est pas leur tasse de thé. Manu Dibango, lui, continue de jouer et de plaire ou de (déplaire) au plus grand nombre avec la sérénité d’un homme qui en a vu d’autres.
Commander le disque : Mboa’Su