Manne pétrolière au Soudan


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Le Soudan entre depuis peu dans le cercle très fermé des pays producteurs de pétrole. Manne financière pour le pays. Mais pour beaucoup aussi carburant principal de la guerre. Awad Ahmad Aljaz, ministre de l’Energie et des Minéraux, explique les enjeux de l’exploitation pétrolière dans son pays.

Afrik : Quelles sont les potentialités pétrolières découvertes au Soudan ?

Awad Ahmad Aljaz : Notre production s’élève aujourd’hui à 240 000 barils par jour, ce qui couvre nos besoins locaux et nous permet d’exporter. Le premier champ pétrolier est exploité à 20% de ses possibilités et quatre autres champs devraient être ouverts l’an prochain. Mais il est encore trop tôt pour évaluer précisément notre potentiel. Nous ne prospectons que depuis trois ans. Sur 100 puits, 99 se sont révélés propices. Ce qui nous laisse l’espoir de devenir un grand pays producteur de pétrole.

Afrik : On parle de déplacements de population dans les zones d’exploitation pétrolière. Le confirmez-vous ?

Awad Ahmad Aljaz : Il n’y a eu aucun déplacement forcé de population. Les régions productrices étaient inhabitées. Et l’exploitation pétrolière a plutôt eu l’effet inverse. Elles sont devenues des zones d’immigration puisqu’elles offraient du travail.

Afrik : En quoi les revenus pétroliers ont-ils contribué au développement du Soudan ?

Awad Ahmad Aljaz : Ils ont entraîné un développement considérable du pays. Nous avons pu maîtriser l’inflation et garantir la stabilité de la monnaie et des prix sur le marché. Ils ont également permis d’attirer les investissements étrangers et de créer du travail sur toute la chaîne de production, depuis l’exploitation jusqu’à la commercialisation. Sans compter les infrastructures que nous avons pu financer : routes, approvisionnement en eau des terres agricoles, écoles, services publics, électricité, téléphone, stations de radio ou de télévision.

Afrik : Que répondez-vous à ceux qui affirment que les revenus pétroliers servent en grande partie à financer la guerre ?

Awad Ahmad Aljaz : Pour toutes les raisons que je viens de citer, le pétrole est un facteur de paix dans la région. Et puis la guerre a commencé en 1955 et le pétrole est exploité depuis trois ans. Or ces trois dernières années n’ont pas connu de guerre comparable à ce qu’elle était par le passé. Le pétrole n’est pas non plus la seule richesse du pays, nous avons aussi de l’or et des ressources minières.

Afrik : Quelle chance ont les populations du sud du pays de profiter de cette manne pétrolière ?

Awad Ahmad Aljaz : C’est déjà le cas. Il n’y a aucune discrimination entre les Soudanais. Partout dans le pays le mélange se fait sans heurt. Partout ils étudient, ont accès au marché du travail. Les travaux d’exploitation pétrolière sont effectués par les populations de chaque région, pour des raisons de coût en particulier. Et tous les gouvernorats profitent également du développement du pays.

Afrik : Pourriez-vous envisager de régler le conflit par un partage des revenus pétroliers entre Khartoum et les rebelles du sud, comme cela a été proposé par les Etats-Unis ?

Awad Ahmad Aljaz : C’est évidemment hors de question. Les richesses nationales appartiennent à tous les Soudanais. On ne peut pas demander à un gouvernement de les distribuer à une rébellion. Que je sache, on ne nous le demande pas pour les revenus des mines ou du sucre. De toute façon il n’y a aucun débat possible avec des gens en armes. Le cessez-le-feu est un préalable à toute discussion. Et ils viennent de le rompre en attaquant Kapoeta. Ce partage des revenus ne nous a jamais été demandé et il ne sera pas fait.

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