Ce jeudi, l’opposant congolais Delly Sesanga a été interpellé par la police kinoise avant d’être relâché environ une heure plus tard. L’opposition a vigoureusement dénoncé cette interpellation.
Ce jeudi, au cours d’une manifestation contre la révision de la Constitution organisée par la plateforme de l’opposition dénommée « Sursaut patriotique », le chef du parti Envol, Delly Sesanga, a été mis aux arrêts avec Bernadette Tokwaulu Aena, une autre responsable de l’opposition. Cette interpellation a provoqué de vives réactions parmi les responsables de l’opposition, qui ont dénoncé cette arrestation et exigé leur libération immédiate.
Le parti Envol dénonce l’« arrestation brutale » de son chef
Parmi les réactions figure celle du parti de Delly Sesanga, l’Envol. Dans un communiqué publié peu de temps après l’arrestation de l’opposant, le secrétaire général du parti, Rodrigue Ramazani s’insurge contre cette interpellation : « Nous sommes étonnés aujourd’hui de constater que dire non au changement de la constitution est devenu une infraction ; jusqu’à pousser à une arrestation brutale, une répression inédite contre le président national d’Envol, Delly Sesanga ». Selon Rodrigue Ramazani, la police a dispersé les manifestants qui « sensibilisaient la population contre les informations erronées que Monsieur le président de la république avait distillées à Kisangani comme quoi la constitution de 2006 était rédigée à l’étranger par les étrangers ».
Et le responsable d’ajouter : « Et nous étions là aussi pour marteler et dire à notre peuple que le changement de la constitution ne profitera qu’à Monsieur Tshisekedi et sa famille, qui continueront à dilapider les fonds publics de l’État et maintenir notre population dans une situation d’extrême pauvreté ». Cette arrestation ne pourra pas émousser l’ardeur de l’opposition décidée à empêcher la révision de la Constitution, à en croire le secrétaire général de l’Envol.
Le Cadre de concertation des forces politiques et sociales condamne
Le Cadre de concertation des forces politiques et sociales a vivement réagi à l’arrestation de Delly Sesanga. La plateforme a rapidement sorti elle aussi un communiqué dans lequel elle « condamne vigoureusement cette répression qui consacre une violation flagrante de la liberté de manifester et qui sonne comme un recul démocratique aux antipodes de l’État de droit ». Le texte poursuit : « Cette répression a été suivie de l’interpellation de Delly Sesanga et de plusieurs de ses camarades, qui ont été conduits à une destination inconnue. Cette arrestation survient dans un contexte politique tendu, sur fond de débat sur la révision ou le changement de la constitution ».
La Cadre de concertation a fustigé par la même occasion la politique de deux poids deux mesures du régime Tshisekedi qui, à l’en croire, laisse « s’exprimer, parfois sans aucune autorisation préalable, celles (les organisations politiques et sociales, ndlr) qui lui sont proches » et bâillonne « sous des prétextes fallacieux celles qui critiquent son action ».
Moïse Katumbi s’insurge contre « la dérive totalitaire du pouvoir »
Moïse Katumbi, président du parti Ensemble pour la République, a dénoncé l’interpellation sur X. « La défense de notre constitution est désormais criminalisée ! L’arrestation de Delly Sesanga constitue une étape supplémentaire alarmante dans la dérive totalitaire du pouvoir », a-t-il écrit. Avant d’ajouter : « J’exprime ma plus vive indignation et j’appelle Félix Tshisekedi à retrouver le bon sens et à libérer le président d’Envol et tous les autres prisonniers politiques. Persécuter les opposants pour changer la constitution en vue de conserver le pouvoir est une erreur tragique qui emporte toutes les dictatures ».
Alors que les protestations s’enchaînaient, Delly Sesanga et Bernadette Tokwaulu Aena ont été remis en liberté un peu plus d’une heure après leur interpellation.