Entre 1500 et 2000 personnes ont battu le pavé hier à Rabat pour dénoncer la politique du gouvernement marocain en matière d’emploi.
La révolte des diplômés-chômeurs marocains refait son apparition au Maroc. Alors qu’ils ne sont traditionnellement qu’une poignée à manifester fréquemment depuis trois ans, ce dimanche dans la capitale, à Rabat, ils étaient entre 1500 et 2000 à sortir dans la rue pour crier leur colère contre le gouvernement en place. Tous ont répondu à un appel national et réclament leur intégration dans la fonction publique, une promesse faite par le gouvernement précédent.
Le slogan est sans équivoque : « Trouve-nous un emploi ou dégage », pouvait-on lire sur les banderoles des manifestants. Un message directement destiné à Abdelilah Benkirane, le chef islamiste du gouvernement. Officiellement au Maroc, le taux de chômage serait de 9%. Un chiffre largement contestable par la jeunesse marocaine et la Banque mondiale qui l’estiment à près de 30%.
Dans le cortège, on pouvait apercevoir le parti de gauche Ennahdj Eddimocrati, l’Association marocaine des droits humains (AMDH), le Mouvement du 20 février ainsi que par les syndicats, l’Organisation démocratique du Travail (ODT) et l’Union générale des travailleurs au Maroc (UGTM).
Florilège de revendications
En fin de cortège, le Mouvement du 20 février et l’Association marocaine des droits humains (AMDH) réclamaient parallèlement la libération du journaliste Ali Anouzla du journal Lakome, arrêté pour « incitation au terrorisme » après avoir publié un lien qui renvoyait vers le site du quotidien espagnol El Pais, où figurait une vidéo d’Al-Qaïda appelant au jihad au Maroc.
Le mois dernier déjà, une manifestation contre la « vie chère » avait été organisée quelques jours seulement après l’application d’une mesure d’indexation des prix du carburant. Avec cette mesure, le gouvernement entend résorber le déficit de la caisse de compensation.
Dans le nord, à Nador, un sit-in d’un autre genre a été organisé pour réclamer la libération de deux adolescents arrêtés après avoir publié sur Facebook une photo d’eux en train de s’embrasser devant leur lycée. Les deux adolescents sont actuellement retenus dans un centre de détention pour mineurs et doivent être présentés devant un juge pour mineurs vendredi prochain pour « attentat à la pudeur ». Sur la toile, les Marocains s’enflamment et plusieurs couples ont publié des photos similaires en signe de solidarité. Beaucoup dénoncent l’hypocrisie du gouvernement qui au lieu d’arrêter des pédophiles et empêcher le développement du tourisme sexuel au Maroc, emprisonne un couple de jeunes adolescents pour s’être embrasser.