Nelson Mandela est bien né pour être un chef. Ses études d’avocat et son combat contre l’Apartheid l’ont éloigné de sa charge de chef traditionnel à Mvezo, son village. Soixante-dix ans après, il a été rétabli dans ce rôle. Mais à 88 ans, Madiba a préféré laisser cette charge à son petit-fils, Mandla Mandela.
L’activité politique de Nelson Rolihlahla Mandela a toute sa vie éclipsé ses devoirs de chef traditionnel Xhosa. A 88 ans, il y a définitivement renoncé au profit de son petit-fils de 32 ans. Mandla Mandela a été nommé, lundi, chef de tribu au sein du conseil traditionnel de Mvezo, le village natal de Nelson Mandela. Soixante dix ans après que ce dernier ait interrompu la tradition familiale. Le jeune homme, qui vient d’obtenir son diplôme en sciences politiques, sera désormais le porte-parole de sa communauté, présidera des cérémonies traditionnelles et règlera les litiges. Mandla Mandela était le seul héritier mâle susceptible de succéder à son grand-père, qui a assisté à la cérémonie, après la tragique disparition de ses fils.
Né pour être un chef sud-africain
L’aîné, Thembi meurt à l’âge de 25 ans, le 16 juillet 1969, dans un accident de voiture. Mandela est alors détenu depuis six ans à Robben Island pour ses activités politiques au sein de Congrès national africain (ANC). Le mouvement s’est radicalisé et dispose désormais d’une branche armée, Umkhonto we Sizwe (lance de la nation). Le leader sud-africain ne sera pas autorisé à assister aux obsèques de son fils. Sa vie sera à jamais marquée par cet impossible deuil. Le 6 juillet 2005, c’est au tour du second, Makghatho, d’être emporté par le sida à l’âge de 54 ans. Fidèle à sa légendaire intégrité, Madiba ne cache pas la cause du décès de son fils dans un pays ravagé par le sida, il fait alors œuvre utile.
Né le 18 juillet 1918, près d’Umtata dans le Transkei, région située dans l’est de la province Cap-Oriental, Nelson Mandela est le fils d’Henry Mandela, le principal conseiller du chef du Thembuland. Après la mort de son père, il devient pupille du chef afin d’être formé à la charge qui doit lui revenir. Très vite pourtant, les litiges qui sont présentés devant la cour du chef et les hauts faits de ses ancêtres pour défendre les intérêts de leur peuple détermineront son avenir. Il décide non seulement de devenir avocat, mais aussi de perpétuer le combat de ses aînés. Chef traditionnel par sa naissance, Mandela devient grâce à son fervent engagement politique, le leader du Congrès national africain (ANC), mouvement qu’il intègre en 1942, et plus tard, le président de la Nation Arc-en-Ciel. Après 27 ans d’emprisonnement, il sera en 1994 le premier chef d’Etat noir de son pays, le chef d’une Afrique du Sud ressuscitée. Son destin de chef traditionnel du Thembuland s’est ainsi accompli au-delà des frontières de son village pour le bien de toute une nation.