Le chef de l’Etat nigérien, Mamadou Tandja, a été élu mercredi par ses pairs à la présidence de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), à l’issue du sommet annuel des quinze Etats membres, à Accra (Ghana). Il remplace ainsi son homologue ghanéen John Kufuor pour un mandat d’un an.
Par Koceila Bouhanik
Mamadou Tandja. On connaît désormais le nom du nouveau président de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le Président nigérien s’est vu attribuer cette charge à la suite du 28e sommet de la l’organisation sous-régionale. A l’instar de son prédécesseur, le chef de l’Etat ghanéen John Kufuor, qui a assumé ce poste ces deux dernières années, Mamadou Tandja hérite des dossiers en cours pour une année, et notamment celui de la Côte d’Ivoire, sur lequel il est plus qu’attendu.
Une élection surprise
Selon le secrétaire exécutif de la Cedeao, le Ghanéen Mohammed Ibn Chambas, « M Tandja a été, il y a deux ans, président en exercice de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine, ndlr). C’est quelqu’un de bien considéré par tout le monde. Il s’agit d’un choix de consensus en faveur de la paix en Afrique de l’Ouest ». L’élection de Tandja a pourtant été une surprise. Avant la tenue du sommet, beaucoup pariaient, en effet, sur le Président gambien Yahya Jammeh ou le Président béninois Mathieu Kérékou.
Mais qui est donc Mamadou Tandja ? Actif depuis près de 30 ans sur le devant de la scène nigérienne, c’est après une longue carrière militaire, administrative et politique, souvent controversée, qu’il accède à la magistrature suprême en 1999. Tout juste réélu en décembre 2004 pour un second mandat de cinq ans, il cumule aujourd’hui cette double charge présidentielle, à l’unanimité.
Laisser faire Thabo Mbeki en Côte d’Ivoire
Créé en 1975 à Lagos (Nigeria) par le traité de 15 pays signataires, rejoints par le Cap Vert en 1977, la Cedeao représente près de 215 millions de personnes. Elle siège à Abuja (Nigeria) et regroupe tous les pays d’Afrique de l’Ouest[[<*>Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Niger, Sénégal et Togo, le Cap Vert, la Gambie, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Nigeria et la Sierra Leone. La Mauritanie, membre fondateur, s’en est retirée en 2000]]. La Cedeao a pour mission de promouvoir la coopération et le développement dans tous les domaines de l’activité économique. Elle travaille également à l’abolition des restrictions au commerce, à la libre circulation des personnes, des services et des biens, et à l’harmonisation des politiques sectorielles régionales. L’objectif majeur reste toutefois la constitution d’un vaste marché commun ouest-africain et la création d’une union monétaire. A ces objectifs économiques et commerciaux, la Cedeao s’est encore adjoint une dimension politique et militaire en se dotant d’une force militaire d’interposition, l’Ecomog, créée en avril 1990 pour mettre fin au conflit du Libéria.
« Personne n’a de problème avec lui, il va nous permettre de poursuivre nos efforts pour la paix en Côte d’Ivoire, au Libéria et en Guinée-Bissau », a déclaré M Chambas à propos du nouveau président de l’organisation. Une diplomatie pacifiée donc, qui ne sera pas de trop pour s’attaquer à l’épineux dossier ivoirien. D’ailleurs, bien que M Tandja se soit engagé « sur les plans régional et international à promouvoir une stabilité politique adéquate », il a tôt fait d’ajouter que « le Président Mbeki (Afrique du Sud, ndlr) poursuit sa médiation et qu’il est préférable de le laisser agir pour conduire le processus de paix ». Il explique ainsi son choix : « On ne va pas multiplier les tentatives ». Des déclarations faites en présence du Président ivoirien Laurent Gbagbo, qui faisait partie de la délégation des 12 chefs d’Etats présents au Sommet.
En dehors des problèmes sécuritaires, il a été annoncé que la date d’émission de la monnaie unique, (l’Eco), initialement prévue pour le 1er juillet 2005, était repoussée à plus tard. Le sommet a aussi entériné une politique agricole commune et le plan directeur d’un ambitieux programme de mise en commun des installations électriques des pays membres, d’un montant de 16 milliards de dollars. « Nous devons travailler à impliquer les populations de notre espace communautaire en vue de construire une véritable communauté des peuples. » Voilà qui semble bien résumer, pour son nouveau président, l’idéal de la Cedeao.