Mam Camara : « Quand on dit qu’on est journaliste, on doit pouvoir le prouver.»


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Le Prix Super Ebony en mémoire de Noel X Ebony, journaliste émérite ivoirien disparu tragiquement à Dakar, dans un accident de la circulation en 1986, sacre chaque année le meilleur des journalistes de Côte d’Ivoire. Et ce depuis les années 90. Il a été revu ces dernières années avec des innovations sur la qualité du journaliste qui le reçoit et les lots à lui décerner (Un villa équipée et de nombreux autres lots). Cérémonie de remise très médiatisée en Côte d’Ivoire. Cette année encore les critiques se sont invitées. Mam Camara, le président, nous parle du prix.

Afrik.com : Bonjour Président, après un report l’année dernière du fait des événements, vous avez enfin pu tenir votre promesse aux journalistes. Quel est le sentiment que cette 13ème édition des Ebony vous inspire?

Mam Camara :
Un sentiment de joie. Le plus important pour moi c’est d’avoir pu organiser cette soirée malgré les difficultés et cette crise post électorale. Je souhaite qu’on retienne ce qui est positif car je veux tirer les journalistes vers le haut. Je veux des journalistes debout et non couchés. Je veux des journalistes dignes crédibles et professionnels et libres d’exercer. C’est pour toutes ces raisons que j’ai voulu l’hôtel Ivoire (ouvert pour nous exceptionnellement), C’est pour cela que j’ai voulu Alpha et Tiken, que j’ai voulu le Président Banny qui était présent.

Afrik.com : Est-ce-que les journalistes ivoiriens en redemandent? Se sentent-ils concernés à un moment où bon nombre sont incarcérés et en exil? C’est du moins ce que certains journaux proches de l’opposition vous ont reproché… au lendemain des EBONY

Mam Camara :
C’est normal qu’ils relèvent cela et notre rôle c’est de les écouter. Nous ne faisons que cela, défendre les journalistes et faire en sorte qu’ils exercent librement. Mais en tant que responsable, chaque chose à son temps et chaque temps sa chose….J’espère qu’on se comprend… Et les choses iront de mieux en mieux. On travaille à cela. Nous n’avions pas le droit d’arrêter cet élan du prix. Si nous ne l’avions pas fait, nous aurions tué le prix, or je ne crois pas que ce soit la volonté des journalistes ivoiriens. Les fronts du combat pour la liberté de la presse sont nombreux, il faut donc savoir poser les problèmes pour avoir des résultats et les résultats nous les avons obtenus avec notre méthode.

Afrik.com : Parlez nous du prix de cette année? Vous n’aviez pas suffisamment de candidats pour un prix aussi important dans la carrière des journalistes? Que s’est-il passé?

Mam Camara :
Rien de spécial. C’est la conséquence de la rigueur et une autre façon de voir notre métier. Pour être Ebony, il faut avoir sa carte de l’UNJCI à jour, avoir sa carte de journalistes professionnels et ne pas avoir été blâmé par les organes de régulation. Une commission a travaillé sur plus de 2000 productions sur un an et un jury les a notées. Plusieurs journalistes ne possèdent pas cette carte de journaliste. Ils se mettront à jour pour les autres fois. C’est aussi simple que ça. Pendant des années nous avons toléré cela. Maintenant, quand on dit qu’on est journaliste, on doit pouvoir le prouver. Pour le reste, l’engouement est certain et ce prix est le baromètre de la reconnaissance du travail fourni. On a eu l’un des plus grands nombres de productions évaluées cette année…c’est tout dire.

Afrik.com : N’avez vous pas envie de passer à autre chose parlant d’autres activités pour les journalistes, que des distinctions ?

Mam Camara :
Passer à quelles autres choses? On ne fait que des séminaires, des ateliers, du lobbying. Les distinctions ne font que boucler nos activités. La soirée des Ebony est très médiatisée et coûte cher, c’est peut-être pour cela que les observateurs se focalisent sur cette soirée de distinction. Sinon, c’est une activité comme les autres. Pourquoi l’annuler? Pour faire plaisir à qui? Il ne faut pas toujours tirer les journalistes par le bas. Ne méritent-ils pas respect et considération? Je pense que si. Un bouillonnement d’idées pour faire avancer la profession et le Prix, je dis oui. Mais saborder le Prix, je dis non. Evitons de jeter l’enfant et l’eau du bain pendant des moments d’émotion. Nous pourrions le regretter.

Afrik.com : A quel besoin formel cela répondait-il, pour l’Union, d’organiser cette cérémonie dans un climat aussi défavorable que celui de l’après crise?

Mam Camara :
Mais c’est une normale activité de l’Union. Il fallait la faire c’est tout. Evitons les polémiques. Je vous rassure que si nous ne l’avions pas organisée il se trouverait des gens qui nous l’auraient reproché. Donc ne tombons pas dans la polémique. Avançons et avançons positivement pour le bien de notre métier et la dignité de la profession. Sachons nous célébrer et arrêtons d’être complexé. On a droit aussi au meilleur dans la vie parce que nous sommes des faiseurs de roi.

Afrik.com : Après les EBONY quel est votre prochain challenge?
J’avance et je conduis les missions qu’on m’a confiées. Je me demande pourquoi on se focalise sur les Ebony? On a réalisé une dizaine de séminaires, réglé des problèmes sans faire de vagues : pourquoi cette polémique se focalise sur les Ebony? On a abattu d’énormes choses et nos challenges sont les recommandations du congrès et les ambitions pour une presse responsable et libre.

Afrik.com : Au rang desquelles la défense des journalistes ?

Mam Camara :
Absolument ! Nous menons des actions souterraines pour les confrères incarcérés et en exil. Et les choses commencent à bouger. J’ai confiance, ça ira. Les choses se mettent en place petit à petit. Il y a trois mois, nous n’en étions pas à ce stade. Ca va évoluer. On y travaille. Je suis positif et j’ai une vision très claire de ma mission. Rien ne pourra m’en distraire. Je pense que nous avons fait beaucoup pour le respect de la corporation.

Afrik.com : Vous passez pour le Monsieur propre de la presse ivoirienne ? Pensez-vous être un modèle de journaliste pour vos confrères?

Mam Camara :
Chacun se fera une idée selon ses repères…Je fais ce que j’ai à faire. Pour le reste je laisse chacun à sa conscience et avec Dieu. L’essentiel c’est d’être en harmonie avec soi.

Afrik.com : Vous pensez à un après UNJCI ou est ce que vous sentez le besoin d’accompagner les journalistes ivoiriens sur d’autres sentiers?

Mam Camara :
On verra bien. L’avenir et les circonstances de la vie nous ferons apprécier cela en temps opportun.

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