Nouveau rebondissement dans la crise malienne. Dioncounda Traoré le président par intérim a été agressé physiquement par des manifestants opposés aux accords entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’ex junte qui l’autorisent à assurer une transition d’une année à la tête de L’Etat malien. Après avoir reçu des soins, Dioncounda Traoré a quitté l’hôpital lundi pour rejoindre un lieu sécurisé.
La crise politico-militaire continue de déchainer des passions et des violences au Mali. En témoigne l’agression physique du président intérimaire Dioncounda Traoré. Ce lundi des milliers de personnes à l’appel de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (COPAM) favorables au coup d’Etat du 22 mars 2012 et de certaines associations de jeunesse comme le mouvement « Yèrèwolo Ton » ont manifesté dans les rue de Bamako et sur les hauteurs de Koulouba siège du palais présidentiel contre l’accord permettant au Professeur Dioncounda Traoré de continuer comme Président de la transition.
Ces manifestants ont pris d’assaut le secrétariat général et ont réussi à pénétrer dans ce bâtiment qui abrite les bureaux du président Dioncounda qui y recevait une délégation des protestataires. Ces manifestants surchauffés l’ont agressé. Le président par intérim s’en est sorti avec une blessure au front. Dioncounda Traoré a été transporté d’urgence au Chu du point G et à l’hôpital mère enfant pour y recevoir des soins. Et ses jours ne sont pas en danger selon l’un de ses proches.
Condamnation unanime
Cette agression barbare du président intérimaire a suscité l’émoi et l’indignation au sein de la population malienne qui a du mal à comprendre cet acte d’une extrême gravité. « Aujourd’hui j’ai honte d’être malien. Pourquoi s’en prendre physiquement à un président de la république. Les maliens doivent se ressaisir », dénonce Ibrahima Traoré, un habitant de Faladié sur la rive droite du fleuve Niger. « C’est un acte qu’il faut condamner avec la dernière énergie. Rien ne justifie un tel comportement. Ce n’est pas avec violence que nous allons résoudre nos différends. Notre pays a toujours été une terre de dialogue et tolérance », soutient Assetou Coulibaly une commerçante. Pour sa camarade Fatim Koné, l’agression de Dioncounda est le résultat des campagnes de haine et de désinformation entreprises par plusieurs radios privées de Bamako. Selon Fatim les hommes politique se servent de ses stations pour inciter les populations analphabètes, pour la plupart, à la violence.
La classe politique n’est pas en reste. Ainsi le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie et de la République (FDR) dans un communiqué « condamne avec la dernière énergie l’agression inqualifiable » perpétrée ce lundi contre le Président de la république.
Sécurité défaillante
Le FDR « s’étonne que des mesures de sécurité appropriées n’aient pas été prises pour protéger le palais présidentiel et le président de la République » devant l’avancée des manifestants hostiles. Cet acte « grave et inqualifiable » interpelle ceux qui ont la responsabilité de la sécurité publique et de la protection des personnalités.
Où sont donc passées les forces de sécurité qui avaient pour tâche de veiller sur le Président s’interroge pour sa part Ibrahima Ndiaye vice-président de l’Adema le parti de Dioncounda Traoré. Pour Le Parti pour la renaissance africaine (Le Parena) de l’ancien ministre des affaires étrangère Tiébilen Dramé Cette lâche agression a pu être perpétrée parce que le président de la République ne bénéficiait d’aucune protection suffisante en matière de sécurité malgré les appels répétés lancés en ce sens aux autorités compétentes. Le PARENA « interpelle par ailleurs le Gouvernement et le CNRDRE sur leur responsabilité dans la sécurisation des organes de la Transition ».
Appel au calme
Le premier ministre Cheick Modibo Diarra dans un message à la nation à dénoncer l’agression perpétrée par les organisations qu’il a appelées au calme, à la sérénité et surtout à renoncer aux marches inopportunes. Pour M. Diarra il est inutile de se livrer à de petites querelles pour le pouvoir. « Notre pays ne mérite pas ce traitement, un tel comportement est digne de la jungle ». Selon le Premier ministre, nous sommes un pays où les populations peuvent parler et se comprendre pour appliquer les règles de droit. Il a demandé aux manifestants d’arrêter de marcher car leur message étant déjà entendu et sera transmis aux destinataires.
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