Mali : une guerre muette ?


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Très peu d’images circulent sur le Mali depuis le début de l’engagement de la France dans le pays. De même pour la prise d’otages sanglante en Algérie. Les médias sont mis à l’écart des zones de combats par les autorités qui ont pris soin de verrouiller la communication.

Une information verrouillée. Une guerre à huis clos. Toutes ces expressions pourraient qualifier le conflit qui se déroule en ce moment au Mali. Un véritable labyrinthe. La confusion n’est pas rare. Dénicher la moindre image relève du parcours du combattant. Et Les médias sont écartés des zones de combats.

En effet, quasiment aucune image ne filtre depuis le début de la guerre au Mali. De même, très peu d’illustration ont circulé concernant la prise d’otages en Algérie, où seules les photos du site gazier tournaient en boucle sur les écrans de télévisions du monde entier. L’assaut mené par l’armée algérienne contre les islamistes n’a également pas été illustré. Seuls les témoignages de quelques otages ont été recueillis par les médias.

Au front, seules quelques images de soldats français ont été délivrées. Si les zones de combats sont risquées pour les professionnels de l’information, il y a une volonté de la part des autorités de contrôler, photos, vidéos ou encore toute donnée susceptible de devenir gênante pour les belligérants français et maliens. D’ailleurs, en France, le ministère de la Défense et des Affaires étrangères a donné des consignes strictes aux journalistes, les incitants à faire preuve de « la plus extrême vigilance », les mettant aussi en garde contre le non-respect des « règles élémentaires de prudence ». Compte tenu des risques qu’encourent les journalistes avec la situation actuelle au Mali, les autorités françaises et maliennes les ont donc contraints à ne pas s’approcher à moins de 100 kilomètres des zones de combat.

Pour Reporter Sans Frontières, la question de l’insécurité des zones du conflit n’est pas une raison valable pour contraindre les professionnels de l’information à effectuer leur travail, estimant que « c’est aux journalistes, et non aux militaires d’en décider ».

Les Maliens ne sont pas informés de ce qui se passe

Les journalistes maliens ne sont pas mieux lotis que leurs confrères occidentaux. Selon Sanogo Fousseyni, journaliste d’une radio locale, contacté par Afrik.com, ces derniers ne peuvent pas se rendre au delà de Sévaré : « Toutes les zones de combats sont quadrillés par les militaires. On ne peut se renseigner que de temps en temps auprès de la population locale ». Les autorités, selon lui, « craignent que certaines informations n’avantagent l’ennemi. Il n’est en effet pas rare que les journalistes de certaines radios renseignent les auditeurs sur le positionnement des forces maliennes et françaises ». D’ailleurs, renchérit Sanogo, « ce n’est que dimanche que les autorités ont permis aux journalistes de rentrer dans la ville de Diabali », reprise aux mains des islamistes par les troupes maliennes et françaises ce lundi matin.

Nombre de Maliens sont ainsi contraints de suivre l’information sur les chaînes étrangères, déplore le journaliste. Un paradoxe. « En réalité, les journalistes maliens ne sont pas plus avancés que leurs confrères occidentaux », précise-t-il. Pour l’humanitaire Ousmane Diawara, président de l’association des expulsés du Mali, « c’est le plus gros problème actuellement au Mali. Nous ne sommes pas informés de ce qui se passe dans le pays. Nous devons nous contenter que des informations officielles. C’est grave !», conclut-il.

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