El Hadj Sékou Ahmadou Diallo, imam de la ville de Kati, située à 15 km de la capitale malienne, Bamako, est victime de graves menaces émanant d’une partie de ses confrères. La raison ? Son soutien au code de la famille ratifié une première fois en août 2009. Ce texte de loi accorde une place importante aux droits de la femme malienne en lui permettant, entre autres, de désobéir à son mari. Réfuté par le Haut conseil islamique, le code de la famille s’est vu renvoyer devant les parlementaires par le président Amadou Toumani Touré.
Le code de la famille fait encore des vagues au Mali. Après avoir soutenu un texte de loi consacré aux droits de la femme, leur laissant plus de liberté et de pouvoir, El Hadj Sékou Ahmadou Diallo, l’imam de Kati, bourgade située à 15 km de la capitale malienne, Bamako, s’est vu menacer à de nombreuses reprises par des groupes islamiques. Des menaces d’agressions physiques par téléphone et de licenciement. Ce nouveau code de la famille, adopté en août 2009, a, depuis sa ratification beaucoup fait parler de lui. Il devait notamment fixer l’âge minimum légal du mariage à 18 ans, ne reconnaître que les unions laïques et étendre les droits d’héritage aux filles. Recalé par le président malien Amadou Toumani Touré, après que le Haut conseil islamique l’a vigoureusement critiqué, le texte de loi a été soumis une seconde fois aux parlementaires, une quinzaine de jours après son approbation initiale. Il est aujourd’hui toujours en cours d’examen.
Dans un courrier adressé au Haut Conseil Islamique au mois d’avril dernier, l’imam de Kati s’est désolidarisé de sa hiérarchie en réfutant cet article de loi. Il a engendré l’ire de ses confrères. « Ils se sont sentis trahis car ils s’étaient mis d’accord pour dire que cette loi était contraire au Coran, mais lui (l’imam de Kati), qui a réellement lu le texte, l’a compris et a affirmé qu’il n’était en rien contraire aux préceptes de Coran », explique Fatoumata Siré Diakité, présidente de l’association pour le progrès et la défense des femmes au Mali. Un sujet sensible dans un pays où l’on compte plus de 90% de musulmans.
Une place encore modeste pour la femme malienne
L’imam va-t-il pouvoir conserver son poste ? La question reste entière. En effet, le Haut conseil islamique affirme qu’un imam ne peut être licencier que par sa congrégation. Mais nous ignorons, pour le moment, le poids que va avoir la décision des leaders musulmans locaux.
Cet évènement démontre un malaise certain quant à la situation de la femme au Mali. « La situation des femmes maliennes est statutaire. Quand on voit que les autorités refusent un tel code, c’est qu’il y a un problème. Les femmes attendent beaucoup de ce code. Malheureusement, tout est rose sur le papier, la femme n’est pas discriminée, mais les quelques lois ratifiées ne sont pas appliquées », s’indigne Fatoumata Siré Diakité. Un travail de longue haleine pour les Maliennes se battant pour l’amélioration de leur condition.
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