Les islamistes d’Ançar Dine auraient pris le contrôle ce lundi de la ville de Tombouctou conquise dimanche par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Les rebelles touaregs du MNLA, qui souhaitent l’indépendance du Nord-Mali, s’étaient désolidarisés en mars du groupe islamiste d’Ançar Dine auquel ils étaient alliés.
Le groupe islamiste Ançar Dine aurait chassé ce lundi les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) de Tombouctou, dans le nord-ouest du Mali. Selon l’agence AFP, le chef de la rébellion islamiste Iyad Ag Ghaly se serait emparé de la ville conquise par le MNLA dimanche. « Iyad est venu ce (lundi) matin avec cinquante véhicules. Ils ont pris la ville, chassé les gens du MNLA qui étaient là, ont brûlé le drapeau du MNLA et ils ont mis leur drapeau au camp militaire de la ville », a indiqué Moussa Haïdara, un caméraman cité par l’AFP.
Les rebelles du MNLA se félicitaient ce dimanche de la prise de Tombouctou, après celles de Gao et Kidal. Ces trois villes sont considérées comme stratégiques pour la rébellion touareg qui souhaite l’indépendance du Nord-Mali . « En ce jour sans précédent dans l’histoire du peuple de l’Azawad, ou devient effectif le retour à la dignité, après la libération de la ville historique de Tombouctou, de Gao, de Kidal et de plusieurs autres villes de l’Azawad; le bureau politique félicite au nom de toutes les Commissions, le peuple de l’Azawad, l’Armée de Libération Nationale (…). »
Volte-face
Le 19 mars, le MNLA s’est dissocié du groupe Ançar Dine qui réclame l’instauration de la charia au Mali. « La République pour laquelle nous nous battons est basée sur les principes de la démocratie et de la laïcité », indique un communiqué des rebelles touaregs publié en mars. Ançar Dine a revendiqué sa participation, aux côtés du MNLA, dans la sanglante attaque de la garnison d’Aguelhok qui a fait plusieurs dizaines de morts dans les rangs des militaires maliens. Dans les années 90, Iyad Ag Ghaly, le chef d’Ançar Dine était l’un des leaders de la rébellion touareg. Il est désormais un salafiste, réputé proche d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
La prise de Tombouctou par des islamistes aggrave la crise malienne au moment où la Communauté des états de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) vient de déclarer un « embargo total » sur le pays aux mains d’une junte militaire acculée. « Toutes les mesures diplomatiques, économiques, financières et autres sont applicables dès aujourd’hui (lundi) et ne seront levées que quand l’ordre constitutionnel (sera) effectivement rétabli », a indiqué le Chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, président en exercice de l’organisation sous-régionale.
Le Comité national pour le Redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE), présidé par le capitaine Amadou Haya Sanogo, a annoncé dimanche qu’il rendrait le pouvoir aux civils sans fixer de calendrier. Paris et Bruxelles ont demandé à leurs ressortissants de quitter le Mali.
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