Mali : que faut-il attendre des assises nationales ouvertes par Assimi Goïta ?


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Le Colonel Assimi Goïta
Assimi Goïta, président de la Transition du Mali

Les Assises nationales de la refondation du Mali ont été lancées ce lundi. Si les autorités semblent attendre beaucoup de ces consultations, tel n’est pas le cas des leaders de l’opposition.

Le Président de la Transition malienne, le colonel Assimi Goïta, a lancé ce lundi 27 décembre, les Assises nationales qui devront se pencher sur les solutions susceptibles de sortir le pays de la crise dans laquelle il s’est durablement enfoncé, depuis des années. « Face à un malaise profond, les Assises nationales de la refondation ont donné le ton de la refondation, du renouveau institutionnel, sécuritaire, etc. Je salue l’engagement et la bravoure du peuple malien. La phase nationale qui nous réunit aujourd’hui sera une étape capitale dans la marche héroïque de notre pays », a déclaré le colonel Président.

Posant ses pas dans ceux d’Assimi Goïta, Zeïni Moulaye Haïdara, président du panel des hautes personnalités pour les Assises nationales, invite les Maliens eux-mêmes à changer d’abord : « Pour changer la situation de notre pays, il faut que nous changions nous-mêmes, a-t-il insisté, avant d’invoquer la nécessité de « mettre la transformation de l’homme malien au cœur du débat. Tous les Maliens se retrouveront pour construire notre pays. Le taux de réalisation de la phase communale des assises a atteint les 95,52%. Les résultats engrangés ont été au-delà de nos attentes ».

Prévues pour durer quatre jours, ces assises constituent l’étape nationale des consultations démarrées depuis le début du mois au niveau des cercles et communes du pays : « Les Assises nationales ont pu se tenir dans 725 communes sur 749, dans 51 cercles sur 60. Elles n’ont pas pu se tenir dans les 9 cercles de Kidal et Ménaka (nord du Mali) pour des raisons sécuritaires. Elles ont été organisées dans 26 ambassades de pays de forte concentration de Maliens », a expliqué Zeïni Moulaye Haïdara.

Une rencontre de tous les espoirs pour les organisateurs…

Du côté des organisateurs, la satisfaction est déjà grande et on attend beaucoup de ces assises. C’est ce qui ressort clairement de ces propos de Zeïni Moulaye Haïdara : « Les Assises nationales de la refondation ont permis le rôle fondateur des communautés dans la construction du Mali nouveau. La réalité sur le terrain aux niveaux local, régional et dans la diaspora a dépassé nos espérances ». Pour Assimi Goïta, il s’agira de « faire le diagnostic sans complaisance de l’état de la nation, d’en tirer les meilleures leçons, d’analyser en profondeur la situation globale du pays ». Le Président de la transition a d’ailleurs lancé un appel solennel aux participants : « Il vous reviendra également de faire des propositions concrètes, de construire une solution de sortie de crise », a-t-il laissé entendre.

… mais boudée par une partie de la classe politique

Cet optimisme affiché par les organisateurs n’est pas partagé par tout le monde. C’est le cas des acteurs du Cadre d’échange, un creuset dans lequel se trouvent plusieurs partis et regroupents de partis. Dans un communiqué publié le 11 décembre, ce regroupement estime que ces assises ne sont qu’une « manœuvre dilatoire destinée à prolonger la transition, de la part d’un gouvernement sans repère ni boussole ». Les membres du Cadre stratégique permanent (CSP), une autre plateforme, ont d’ores et déjà déclaré qu’ils ne sentaient nullement concernés par ces Assises.

Parmi les principaux partis politiques qui se désolidarisent de l’initiative, on peut citer Yelema de Moussa Mara, le Parena de Tiébilé Dramé, le Rassemblement pour le Mali (RPM) d’IBK, etc. Mais, il n’y a pas de quoi s’inquiéter ou remettre en cause la légitimité des assises. C’est du moins la position nettement affichée par Mamadou Hachim Koumaré, président du comité d’organisation des assises. « S’ils n’ont pas participé en tant que partis, ils ont participé au titre d’autres structures, au niveau des communes, des cercles et de la région. Donc, tout le monde a participé », fait-il observer, au sujet des formations politiques qui boycottent les assises.

Puis il poursuit : « Oui, il y en a qui ont participé à titre individuel, il y en a d’autres qui ont participé à d’autres titres. Nous n’avons pas cherché à faire le distinguo entre partis politiques et autres ». Et de conclure, plein d’assurance : « Les gens sont très heureux. Cela va être la fin d’une session difficile et le début d’une bonne refondation ».

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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