Au Mali, l’arrestation de l’opposant Seydina Touré, figure influente du parti Alternative pour le Mali (APM), continue de faire des vagues. Accusé d’« incitation aux troubles à l’ordre public », il sera prochainement jugé à Bamako.
Retour sur une affaire emblématique des tensions politiques dans le pays.
Un opposant sous haute surveillance
Seydina Touré, connue pour son franc-parler sur les réseaux sociaux, a été arrêté à Ségou avant d’être transféré à Bamako où il a été placé sous mandat de dépôt par le pôle judiciaire anti-cybercriminalité. Les charges retenues contre lui incluent l’« atteinte au crédit de l’État », l’« incitation aux troubles à l’ordre public » et des « injures par voie électronique ». Elles sont toutes en lien avec des propositions publiées sur Facebook.
Dans ses publications, Seydina Touré n’a pas mâché ses mots et qualifie les régimes militaires de la sous-région de « juntes ». Il dénonçce ce qu’il appelle le « régime anarchique » d’Assimi Goïta. Ces déclarations, amplifiées par une mobilisation populaire après l’arrestation de deux imams, ont attiré l’attention des autorités.
Une opposition sous pression
Le cas de Seydina Touré reflète un climat où les figures de l’opposition malienne subissent une répression croissante. Son parti, Alternative pour le Mali, a déjà vu son président Mamadou Traoré emprisonné pendant cinq mois. Il était accompagné de dix autres dirigeants, qui ont été libérés en décembre dernier. Ces arrestations successives témoignent d’un climat politique tendu. L’expression publique d’opinions divergentes devient de plus en plus risquée.
Un proche de Seydina Touré, qui lui a rendu visite à la Maison d’arrêt de Bamako, confie que Seydina garde le moral. Il craint toutefois que la maison d’arrêt le garde longtemps. Ça a été le cas de Ras Bath, Rose-vie-chère et Etienne Fakaba Sissoko, tous emprisonnés pour des prises de position critiques envers le régime.
Une justice à l’épreuve des libertés individuelles
Le procès à venir de Seydina Touré soulève des questions fondamentales sur l’équilibre entre la liberté d’expression et le maintien de l’ordre public. Si les autorités invoquent la nécessité de préserver la stabilité, de nombreux observateurs dénoncent cette justification. Ils y voient une instrumentalisation de la justice. Cela vise à museler les opposants politiques.
Les organisations de la société civile s’inquiètent également des conséquences de ces arrestations sur le climat démocratique au Mali. Selon elles, ces pratiques risquent d’aggraver la méfiance envers les institutions et de creuser les divisions politiques.