Au Mali, Youssouf Daba Diawara, proche collaborateur de l’imam Mahmoud Dicko, est en détention depuis plus de 60 jours. Arrêté le 13 juillet 2024, il est accusé d’« opposition à l’autorité légitime » pour sa participation à une manifestation non autorisée de l’opposition. Sa demande de mise en liberté provisoire a été rejetée le 5 septembre, malgré plusieurs tentatives de ses avocats pour obtenir sa libération.
Le contexte de cette affaire est particulièrement tendu. Youssouf Diawara, fils d’un ancien ministre et petit-fils d’un proche du premier Président malien Modibo Keïta, a été arrêté dans des conditions que ses proches jugent humiliantes. Lors de son audience, il a comparu enchaîné avec d’autres détenus, une scène qualifiée de dégradante. De plus, il n’a pas pu participer au concours de l’École nationale d’administration (ENA) cet été. Le parquet ayant refusé de délivrer l’ordre d’extraction nécessaire pour qu’il puisse concourir.
Détention arbitraire et accusations d’acharnement
Ses soutiens dénoncent ce qu’ils qualifient de détention « arbitraire » et d’« acharnement ». Bien que Youssouf Diawara ne subisse pas de maltraitance physique, son entourage considère que cette détention vise indirectement l’imam Mahmoud Dicko, figure influente de la scène politique malienne. Le guide religieux est aujourd’hui en exil, en sa qualité de farouche opposant aux autorités de transition.
Youssouf Diawara avait été arrêté par des hommes cagoulés et sans mandat, avant d’être incarcéré à la prison de Bamako. Ce, après trois jours d’isolement à la Brigade d’intervention judiciaire. Il est poursuivi pour avoir participé à une manifestation de la Synergie d’actions pour le Mali. Laquelle a été organisée pour réclamer de meilleures conditions d’accès à l’électricité et la tenue d’élections. Cette manifestation, qui avait eu lieu un mois avant son arrestation, n’avait pas reçu d’autorisation des autorités.
Pression sur l’imam Mahmoud Dicko
L’entourage de Diawara estime que cette arrestation est une tentative de pression sur l’imam Dicko, qui reste une figure de l’opposition influente malgré la dissolution, en mars dernier, de la CMAS (Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Dicko), organisation dont Youssouf Diawara était le coordinateur. Selon eux, les autorités cherchent à affaiblir l’imam en s’en prenant à son bras droit politique.
Le procès de Youssouf Diawara est prévu pour le 3 octobre, et d’ici là, ses proches continuent de dénoncer ce qu’ils perçoivent comme une instrumentalisation de la justice pour régler des comptes politiques.