Mali, par Soumaïla Berthe : « Notre responsabilité de Maliens est de prendre notre avenir en main »


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Drapeau du Mali
Drapeau du Mali

Pour le moment nous entendons tous et toutes que la France part du Mali, que le BARKHANE quitte le Mali, qu’il faut les russes : qu’il faut Wagner ! Or tout Malien averti sait que ces slogans ne visent qu’à manipuler la population en profitant de la mauvaise humeur de beaucoup de gens qui prennent la France pour la cause de la plupart de nos soucis. Réflexe instinctif et compréhensible, mais qui n’apporte pas de solution. 

Partout et en tout lieu, il est toujours plus facile de désigner un bouc émissaire et d’appeler un nouveau sauveur… Mais cela ne tient pas à l’épreuve des faits. Il faut plutôt analyser ses forces et ses faiblesses propres. On mesure alors sa propre responsabilité.

Less contrats d’exploitation des mines d’or du Mali ne sont signés ni par la France, ni par la Russie, mais par nos différents gouvernements. Où passe l’argent de ces mines d’or ?  Ce n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres.

Je souhaite que le voyage du président français Emmanuel Macron au Mali puisse édifier les Maliens sur le jeu de certains politiciens qui continuent à faire croire au peuple que la tenue des élections est impossible dans l’état actuel.

Regardons les choses en face, avec un peu de sérieux :  nous savons tous que dans six mois ou même dans un an, le gouvernement ne pourra pas organiser des élections partout au Mali dans de meilleures conditions qu’aujourd’hui.

Or la tenue des élections et la mise en place d’un gouvernement légitimement élu est le principal préalable à une relance économique et au retour des investisseurs, qui est la seule véritable priorité pour sortir le pays de l’enlisement.

Donc au lieu de perdre du temps inutilement, rien n’est plus pressé que de trouver une date avec la communauté internationale pour organiser les élections et de permettre ainsi aux investisseurs de nous aider à relancer notre économie et à améliorer ainsi véritablement la situation sociale des Maliens, en leur donnant à nouveau avenir et sécurité.

On peut accuser les autres nations lorsqu’on ignore, par exemple, que de nombreux Maliens de la diaspora perdent partout dans le monde leurs titres de séjour… Faute de passeports, qu’ils ne reçoivent pas à temps, car les institutions de la République manquent terriblement de sérieux dans leur travail et n’accomplissent plus leurs tâches comme elles le devraient vis-à-vis de nos concitoyens.  Observons aussi la justice : elle se prononce généralement… au prix et à la tête du client.

Alors pourquoi toujours chercher ailleurs les responsables de nos maux quand ce sont nos propres déficiences qui sont à la base de notre malheur, et que nous seuls nous pouvons, si nous en avons l’énergie et la volonté, trouver la solution pour nous en sortir et restaurer la paix civile.

Soumaïla Berthe
Soumaïla Berthe

Il faut cesser les gesticulations et les postures politiciennes à Bamako ! Elles condamnent le Mali à faire du sur-place… A Mopti, Tombouctou, Gao, la population envie le sort de Kidal, car pour beaucoup les autorités intérimaires dirigées par la CMA se sont imposées et ce sont elles qui gèrent les impôts, les aides, les investissements, etc…

N’oublions pas cette évidence : le salut de notre pays se trouve dans la création d’emplois et la relance économique.

Les employés de la société russe Wagner étudient aujourd’hui avec leurs géologues les zones dans lesquelles ils pourront le plus facilement s’assurer du contrôle des mines et gisements qu’ils exploiteront pour leur compte, comme ils l’ont fait dans plusieurs autres pays qui avaient fait appel à eux. Leur dessein n’est pas de ramener la paix, mais de profiter du désordre en rançonnant, à son tour, le Mali. Gardons-nous d’avoir demain à regretter amèrement BARKHANE.

Comme toujours nous sommes déjà en train d’assister à une discorde entre les Maliens et Maliennes par rapport aux Assises Nationales de la Refondation dont beaucoup pensent qu’elles ne donneront une nouvelle fois la parole qu’à ceux qui ont toujours animé les débats publics au Mali, et surtout qui ont toujours trompé le peuple sur les véritables priorités, afin de détourner ses yeux de leurs actions…

Depuis des années, aucun projet structurant n’a été mené à terme dans notre pays. Est-ce la faute aux autres nations ? La société Wagner apportera-t-elle une solution ? Elle aggravera l’enlisement, car elle prospère sur le désordre.

Je reviens sur l’observation d’un grand homme Malien qui dans ses analyses avait dit ceci : « le principal message envoyé par les démocrates maliens depuis 30 ans n’est autre que de dire subtilement à chacun que l’effort national ne sert à rien. L’engagement au service du bien-être de tous n’a dès lors plus aucun sens, dans cette drôle de démocratie. Ce désarmement moral s’est généralisé de partout et le patriotisme a été banni des discours politiques. »

La perte de l’école publique, de la santé publique, et l’affaiblissement de l’armée nationale attestent de cette posture… Le budget national est décidé, année après année, selon la seule volonté du Président de la République, qui décide de combien il gagne et de combien il gagnera, quand il aura quitté le pouvoir. Qu’il échoue ou qu’il réussisse ne lui importe alors guère…

Le Mali a besoin d’un sursaut politique et civique, qui ne peut résulter que de l’engagement des Maliens autour d’objectifs rationnels : restaurer un État légitimement élu, stabiliser partout la paix indispensable à un redressement économique rapide, qui passe par la confiance des investisseurs maliens et étrangers, redéployer rapidement les services publics de proximité, écoles, santé, accès à l’eau, sécurité des déplacements. Ce sursaut est à notre portée, nous en sommes capables.

Quand un peuple cesse de poursuivre chimères et slogans creux, en cherchant hors de ses frontières la responsabilité de ses malheurs, il découvre que son avenir est entre ses mains, et qu’il lui suffit de se retrousser les manches pour le construire.

Par Soumaïla Berthe, Secrétaire général du Mouvement pour le Progrès (MPP) Mali Nyeta Koura

Soumaïla Berthe
Soumaïla Berthe, Secrétaire général du Mouvement pour le Progrès (MPP) Mali Nyeta Koura, photo afrik.com

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