Où en est le Mali, quatre ans après la chute d’IBK ?


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Quatre ans après la chute d’IBK, le Mali reste sous contrôle militaire, avec des évolutions géopolitiques marquées et un horizon démocratique incertain.

Le 18 août 2020, le Mali basculait dans une nouvelle ère avec la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Cet événement marquait le début d’une transition menée par les militaires, sous la direction du colonel Assimi Goïta. Quatre ans plus tard, le pays est toujours sous un régime militaire, et la promesse de retour à un ordre démocratique semble s’éloigner de plus en plus.

Le pari risqué de la rupture diplomatique avec l’occident

Depuis leur prise de pouvoir, les militaires maliens ont effectué un virage stratégique en se rapprochant de la Russie. En réponse aux besoins en équipements militaires et à la lutte contre le terrorisme, le Mali a fait appel aux mercenaires du groupe Wagner, ce qui a exacerbé les tensions avec les anciennes puissances coloniales, notamment la France. En 2022, les troupes françaises de l’opération Barkhane ont été contraintes de quitter le Mali, suivies par les Casques bleus de la Minusma en 2023, accusés par le gouvernement malien d’« instrumentaliser les droits de l’homme ».

Sur le plan économique, le Mali a choisi de se tourner vers les BRICS, formant de nouveaux partenariats avec des pays comme l’Iran et la Turquie. Sur la scène régionale, le pays s’est allié avec le Burkina Faso et le Niger pour créer la Confédération des États du Sahel, un bloc militaire qui envisage de quitter la CEDEAO en réaction aux sanctions imposées pour leur refus de revenir à un ordre constitutionnel. Ce repositionnement traduit un éloignement progressif des alliances traditionnelles avec l’Occident, au profit de nouvelles orientations stratégiques.

La transition vers une dictature ?

Alors que la transition se prolonge, aucune date électorale n’a encore été fixée. Pour la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), la situation actuelle est alarmante. Hassatou Ba-Minté, directrice Afrique de l’organisation, évoque une dégradation inquiétante des droits humains, de la lutte contre le terrorisme, ainsi qu’une détérioration socio-économique. Elle alerte sur le risque de voir le Mali sombrer dans une dictature militaire, éloignant encore davantage le pays d’une éventuelle refondation démocratique.

Alors que les Maliens commémorent les quatre ans de la chute d’IBK, le futur du pays reste incertain. La consolidation du pouvoir par les militaires, le repositionnement géopolitique et l’absence de perspectives claires sur un retour à la démocratie laissent planer de nombreuses questions. Le régime militaire au Mali est-il en train de préparer un retour à l’ordre constitutionnel ou se dirige-t-il vers une dictature prolongée ? Seul le temps révélera les véritables intentions des autorités en place.

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