Au 17e jour de l’opération Serval, l’armée française contrôle désormais Tombouctou, ville sainte et symbolique pour les musulmans maliens contrôlée depuis neuf mois par les terroristes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Les forces françaises avaient, samedi, repris la ville de Gao, fief du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Contacté par Afrik.com, Antoine Glaser, ancien directeur de La Lettre du Continent, spécialiste de l’Afrique, nous explique pourquoi « le plus dur commence et reste à faire ».
« On rentre dans une phase extrêmement difficile à stabiliser ». Les forces françaises ont libéré, samedi, la ville de Gao, le quartier général du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Ce lundi, au 17e jour de l’opération française, l’armée française contrôle désormais la ville de Tombouctou, ville sainte et symbolique pour les musulmans maliens classée patrimoine en péril par l’Unesco. Depuis le 22 mars 2012, cette région administrative du Nord-Mali était dirigée par les terroristes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
L’avancée de l’armée française est spectaculaire. Ce qui ne présage pas forcément d’une guerre courte. « Le plus dur commence et reste à faire. La stratégie française consistait à montrer une puissance de frappe importante sur le plan aérien, avec des frappes ciblées et un très fort contingent sur le terrain. Mais, il y a une politique d’évitement des terroristes islamistes », déclare à Afrik.com Antoine Glaser, ancien directeur de La Lettre du Continent. « Pour l’instant, il n’y a pas d’affrontement. Face à la puissance militaire française, soit les islamistes se sont fondus dans la population ou dans les régions montagneuses à la frontière avec l’Algérie, la Libye ou le Burkina Faso et la Mauritanie. Si la France se réjouit que l’Algérie et la Mauritanie ont fermé leurs frontières, cela n’a aucune signification. C’est comme si on disait que la France a fermé ses frontières de Lille à Marseille. C’est impossible de fermer des frontières aussi longues », souligne le spécialiste de l’Afrique.
Pourquoi la guerre n’est pas finie ?
Les observateurs en sont convaincus la guerre au Mali n’est pas prête de se terminer. Comme prévu, la reprise des villes du Nord-Mali se fait avec une facilité notoire. Cette victoire militaire n’a néanmoins pas résolu les problèmes de l’occupation islamiste au Nord-Mali.
« L’opération Serval a permis de reprendre les villes, c’est un fait. Le plus dure reste à faire sur le plan politique, humanitaire et du développement économique. Il n’y a plus, par exemple, de tourisme dans la plupart des villes du Sahel », analyse pour Afrik.com Antoine Glaser. Des difficultés de trois ordres vont se présenter à la France. « La reprise des villes c’est très bien mais la passage de relai à l’armée malienne en évitant les règlements de compte avec les Touaregs va être compliqué. Puis, la question de la stabilité politique du Mali va se poser. Ensuite, sera venu le temps du passage de relai avec la force de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) composée de 7000 hommes dont 2000 Tchadiens », ajoute le spécialiste de l’Afrique. Et de conclure : « On entre dans une phase extrêmement difficile à stabiliser. Après In-Amenas, l’Algérie retient son souffle. Car, on ne sait pas ce qui va se passer. Elle criant de revivre la décennie (de 1990 à 2000) de terrorisme dans son territoire. L’Algérie n’était donc pas mécontente que ces groupes terroristes sévissent ailleurs ».
L’Union africaine, réunie dimanche à Addis Abeba en Ethiopie, a déploré la réaction lente de la Cedeao et a salué l’intervention française, qui s’avère de jour en jour payante.