Le 23 mars 2019, plus de 150 éleveurs peuls ont été tués dans leur village d’Ogossagou, dans la région de Mopti, dans le centre du Mali. L’attaque a commencé à l’aube et a été menée avec des armes à feu et des machettes de manière brutale. Des hommes et des femmes, jeunes et âgés, ont été tués, et parmi les victimes figuraient de nombreux enfants et petits bébés. Ce massacre est considéré comme l’incident le plus meurtrier de violence ethnique au Mali depuis une génération et résulte de l’intensification des conflits sur les ressources naturelles. Amadou Diallo, un conseiller local, a qualifié l’attaque de « nettoyage ethnique ». Il a estimé que le nombre de morts avait grimpé à 160 et « sera probablement encore plus élevé ». Selon une liste reçue par IWGIA, 173 personnes ont été tuées, allant de personnes âgées de 98 ans à un bébé de 10 jours. Selon Al-Jazeera, Ali Diallo, un survivant âgé de 75 ans, a déclaré: « Je n’ai jamais rien vu de tel. Ils sont venus, ils ont tiré sur des personnes, incendié des maisons, tué des bébés ». Un groupe armé appartenant à l’ethnie Dogon – une communauté de chasseurs et d’agriculteurs qui entretient depuis longtemps des tensions avec les pasteurs peuls au sujet de l’accès à la terre – est soupçonné d’avoir perpétré le massacre.
Un conflit croissant sur les ressources naturelles
L’attaque serait le dernier d’une série d’affrontements entre les communautés de Dogon et de Fulani – également connue sous le nom de Peul – avec des conséquences fatales pour les parties impliquées. Ravina Shamdasini, une porte-parole du bureau des droits de l’homme des Nations Unies, a déclaré que les attaques dans la seule région de Mopti ont entraîné «environ 600 morts de femmes, d’enfants et d’hommes, ainsi que des milliers de personnes déplacées depuis mars 2018». La violence est provoquée par des accusations de pâturage sur des terres Dogon et par des différends sur l’accès à la terre et à l’eau, mais la région est également troublée par l’influence de groupes armés, auxquels les Peuls sont accusés d’être liés – accusations que les Peuls nient.
Les attaques contre les Peuls sont devenues un problème récurrent et de plus en plus grave au Mali, problème qui doit être réglé par le gouvernement malien et au niveau régional.
Comme le disait Adama Gaye, analyste ouest-africain et ancien directeur du bloc régional de la CEDEAO, à Al-Jazeera: «L’État n’est plus là; il n’y a pas de protection de l’État pour assurer la sécurité et sa présence dans ces zones ». Pressions internationales pour enquêter sur le massacre L’attaque a eu lieu lorsqu’une délégation du Conseil de sécurité des Nations Unies s’est rendue au Mali pour discuter d’un accroissement de la violence.
– L’ONU a appelé les autorités maliennes à « mener rapidement une enquête et à traduire les responsables en justice », et l’ONU a envoyé une équipe d’enquêteurs dans la région de Mopti.
– La procureure en chef de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Besouda, a déclaré que les crimes pourraient tomber sous la juridiction de la CPI et qu’une délégation serait envoyée au Mali pour enquêter sur l’incident. IWGIA et le GITPA condamnent les attaques contre le peuple peul
IWGIA et le GITPA se joignent à l’ONU et à la CADHP pour condamner fermement l’attaque horrible et brutale du 23 mars – ainsi que les nombreuses autres attaques meurtrières dans la région.
IWGIA et le GITPA exhortent le gouvernement du Mali à traduire les responsables en justice et à assurer la paix et la sécurité des Peuls et des autres communautés au Mali. Devant la multiplication des conflits auxquels sont confrontés les peuls nomades et transhumants au Sahel et en Afrique centrale, le GITPA vient d’emettre un « Appel a contribution » pour la rédaction d’un ouvrage dans sa Collection Questions autochtones sous le titre: « Devenir des pasteurs nomades et transhumants peuls au Sahel et en Afrique centrale«