Au moins cinq personnes ont été tuées, ce mardi, dans une manifestation contre la force de l’ONU au Mali (MINUSMA). Les protestataires contestaient l’accord signé ce week-end entre la MINUSMA et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) prévoyant une « zone temporaire de sécurité » dans la localité de Tabankort, près de Gao.
La tension est toujours vive à Gao, où cinq personnes ont été tuées dans une manifestation, ce mardi 27 janvier 2015, selon nos sources locales. Les manifestants, qui étaient environ une centaine, protestaient contre l’accord prévoyant une « zone temporaire de sécurité » dans la localité de Tabankort, près de Gao, signé ce week-end entre la Mission de l’ONU au Mali (MINUSMA) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA).
Comment se présente concrètement cet accord ? Il prévoit le placement de cette zone de sécurité en question sous contrôle exclusif de la force de l’ONU, qui en assure la sécurité et garantit la libre circulation des personnes et des biens. Dans cette zone tampon, le port d’arme est également interdit. La MINUSMA a décidé de la mettre sur pied à la suite de son raid contre un véhicule du MNLA dans la localité de Tabankort, faisant sept morts dans les rangs de la rébellion armée, qui réclame l’indépendance du nord-Mali. Alger dirige la médiation entre Bamako et le MNLA ainsi que d’autres groupes armés du nord pour trouver une voie de sortie dans ce conflit, dont les origines remontent à la période de décolonisation.
« Les affrontements de Tabankort constituent une violation flagrante du cessez-le-feu »
Dans un communiqué, la MINUSMA explique en détail pourquoi la zone de sécurité est nécessaire. « Les affrontements de Tabankort constituent une violation flagrante du cessez-le-feu », selon la force de l’ONU, affirmant avoir « engagé des discussions techniques avec les responsables militaires de la Coordination et de la Plateforme, pour que soit mis un terme aux hostilités. Les modalités techniques devant conduire à épargner la vie de la population civile et du personnel de la MINUSMA concernent le respect par les parties d’une zone de sécurité placée sous le contrôle exclusif de la MINUSMA et au sein de laquelle la circulation de toute arme est interdite aux parties concernées. La MINUSMA exhorte toutes les parties concernées à respecter scrupuleusement leurs engagements à résoudre leurs différends par la voie du dialogue, notamment dans le cadre du Comité technique mixte de Sécurité (CTMS), auquel elles ont adhéré à travers l’Accord préliminaire de Ouagadougou ».
Refus de désarmer
Seulement, les populations de cette zone ne l’entendent pas de cette oreille. Et ceux qui contestent cette mesure se demandent quelle est l’utilité de cette « zone de sécurité », estimant que la MINUSMA cherche plutôt à cantonner leurs combattants, censés les protéger contre d’éventuels attaques de d’autres groupes armés, qui occupent Tabankort. La zone de sécurité contraint en effet les groupes armés loyalistes à Bamako à désarmer ou à abandonner leurs positions, estiment les protestataires.
D’ailleurs, lundi matin aussi, des milliers de personnes, essentiellement des jeunes, ont manifesté à Gao, devant le siège de la MINUSMA pour dire non à la zone temporaire de sécurité signée, rapportent les médias locaux maliens. Selon le site d’information Sahel.com, cette marche a été organisée par le Mouvement Arabe de l’unité de l’Azawad (MAA) et le GATIA, un autre groupe armé rival du MNLA, dernier-né des groupes armés du nord du Mali, créé en août dernier. Selon ce manifestant cité par la presse en ligne malienne, « la zone temporaire de sécurité obligera les groupes d’auto-défenses MAA et le GATIA à se désarmer, chose que nous n’accepterons pas ».
Malgré la présence des troupes françaises et la force de l’ONU, les conflits sont toujours de mise entre les différents groupes armés du nord-Mali, qui tentent chacun de s’imposer dans la région. En octobre dernier, sept personnes ont péri dans des affrontements entre le MNLA et le groupe armé touareg GATIA.