Mali, Libération de Soumaila Cissé et Sophie Pétronin : IBK, une incapacité prouvée ?


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Le désormais ex-Président du Mali, Ibrahim Boubacar Keita
Le désormais ex-Président du Mali, Ibrahim Boubacar Keita

Retenus comme otages depuis 2016 pour l’une et le 25 mars 2020 pour l’autre, la Française Sophie Pétronin et le Malien Soumaïla Cissé ont pu recouvrer la liberté, ce jeudi 8 octobre 2020, après des négociations conduites par les nouveaux dirigeants maliens, qui, en moins d’un mois ont réussi ce que l’ex-Président Ibrahim Boubacar Keita n’a pu faire sur des mois, des années.

Le gouvernement malien de Transition, dominé par les militaires, vient de marquer un important point à comptabiliser au moment où il s’agira pour lui de faire son bilan. Il a pu obtenir, même si c’est au prix fort – l’élargissement d’environ 200 djihadistes à Tessalit (nord) et Niono (centre) –, la libération de quatre otages parmi lesquels deux dont le kidnapping était fortement médiatisé : l’agent humanitaire française Sophie Pétronin, prise à Gao depuis 2016 et l’ex-leader de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé, ravi dans son fief de Niafounké, près de Tombouctou, alors qu’il était en pleine campagne pour les Législatives, le 25 mars dernier.

Cette libération intervenue jeudi dernier est donc à mettre à l’actif du nouveau gouvernement malien qui a brillamment réussi là où le Président déchu, Ibrahim Boubacar Keïta, a lamentablement échoué. En effet, depuis 2016 que la Franco-suisse, Sophie Pétronin, a été kidnappée, les négociations sont pratiquement restées au point mort. Même chose pour Soumaïla Cissé tombé aux mains des djihadistes, le 25 mars 2020. Le Président IBK n’a pas pu obtenir la libération des otages.

Malgré la forte mobilisation des Maliens qui réclamaient la mise en liberté de l’opposant, les choses ne bougèrent point, à telle enseigne que cette revendication était devenue l’une des exigences du M5, le mouvement qui réclamait, à travers d’importantes manifestations, le départ de Ibrahim Boubacar Keïta du pouvoir. Un nouveau gouvernement s’installe, et obtient, en seulement quelques jours, la libération des otages.

On dira peut-être que l’actuel gouvernement n’a fait que tresser la nouvelle corde au bout de l’ancienne, qu’il n’a fait que parachever les négociations déjà entamées par l’ex-chef d’Etat, surtout qu’après la libération des otages, le président de la Transition, Bah N’Daw, a salué la contribution de son prédécesseur en ces termes : « De tous ces otages, le calme et la dignité sont une leçon de hauteur. C’est pourquoi, il nous faut commencer par saluer les efforts soutenus du Président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, pour la libération de ces frères et sœur ».

Soit. Mais la réalité est que, depuis le 16 juin, date à laquelle IBK a déclaré : « Soumaïla Cissé est en vie (…) Nous connaissons ses ravisseurs. Et s’il plaît à Dieu, il reviendra bientôt », jusqu’à sa déchéance, le 18 août, soit deux mois après, le président de l’URD n’a toujours pas été relaxé, pas plus que Sophie Pétronin. C’est dire que pour obtenir ce résultat qui sème la joie dans le cœur de plusieurs familles heureuses de retrouver leurs parents, le gouvernement de Transition, installé il y a juste quelques jours, a fait preuve d’un pragmatisme qui a sans doute manqué à IBK.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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