Mali : les violations des droits de l’Homme se multiplient au Nord


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La FIDH, son organisation membre au Mali, l’AMDH, et l’UIDH demeurent particulièrement préoccupées par les violations des droits de l’Homme perpétrées au Nord du Mali, dans le territoire contrôlé par la rébellion et les groupes armés islamistes. Alors que nos organisations se félicitent du retour à l’ordre constitutionnel à Bamako, elles appellent à la tenue, dans les meilleurs conditions, d’élections crédibles et transparentes, s’inquiètent des conséquences sur la situation humanitaire des violations des droits de l’Homme dans le Nord et exhortent les rebelles au respect des droits fondamentaux des populations civiles.

Depuis les prises de Gao, Kidal et Tombouctou, les violations des droits de l’Homme se seraient multipliées. A Gao, Ançar Dine aurait ainsi menacé plusieurs personnes originaires du sud du pays de les exécuter s’ils ne quittaient pas la région dans les quatre jours, des viols de femmes ont été rapportés et l’instauration de la Charia, la loi islamique, aurait entraîné abus et menaces de toutes sortes. Des coupeurs de route, capturés par des hommes armés identifiés comme appartenant à Ançar Dine aurait été pour l’un égorgé et pour un autre exécuté sommairement d’une balle en pleine tête, tandis que les autres étaient amenés dans une destination inconnue selon les informations locales de l’AMDH. 87% des réfugiés accueillis en Mauritanie sont, à ce jour, originaires de la région de Gao confirmant ainsi l’insécurité qui règne autour et dans cette ville. A Toumbouctou, contrôlé par des groupes islamistes se revendiquant directement d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), où la Charia a elle aussi été instauré, les islamistes distribuent les biens pillés aux organisations humanitaires. Des viols de femmes auraient aussi été commis. Dans la région de Tombouctou, les populations continueraient de s’armer laissant craindre des violences intercommunautaires et des violations des droits de l’Homme à grande échelle. A Kidal, contrôlée par le MNLA, la situation semble plus stable. « Compte tenu de la multiplication de ces violences, il est important de constituer une commission internationale d’enquête chargée d’établir l’ampleur et la nature des violations des droits de l’Homme perpétrées dans le Nord du pays » a déclaré Me Sidiki Kaba. « Les auteurs de ces crimes devront rendre des comptes devant les juridictions compétentes » a-t-il ajouté.

La situation sécuritaire et humanitaire dans le Nord est précaire et a forcé depuis la fin janvier 2012 entre 70 000 et 90 000 personnes à se déplacer au Sud, et environ 200 000 personnes à se réfugier dans les pays limitrophes (Mauritanie, Niger, Burkina Faso). La situation des enfants arrivant du Nord étant une source particulière de préoccupation.

« La multiplication des groupes armés constitue un facteur aggravant de la crise militaire mais aussi humanitaire, multipliant d’autant les interlocuteurs pour le personnel humanitaire qui cherche à reprendre contacts et accéder aux populations » a précisé Me Brahima Koné, président de l’UIDH.

Outre le MNLA, un autre groupe armée indépendantiste touareg vient de se déclarer : le Front de libération nationale de l’Azawad (FLNA), qui revendique 500 éléments et qui serait essentiellement constitué de ressortissants arabes de la région de Tombouctou. Le 8 avril, le groupe dissident d’Aqmi, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a revendiqué l’enlèvement, le 5 avril, du consul d’Algérie et de six membres de sa mission à Gao. Bien que connu depuis plusieurs mois, ce groupe renforce l’impression de multiplicité, voire de rivalité des groupes armés en particulier dans la région de Gao. L’emprise des groupes salafistes djihadistes dans le nord du Mali semble se renforcer. Trois des principaux chefs d’Aqmi avaient été signalés les 3 et 4 avril à Tombouctou aux côtés d’Iyad Ag Ghaly, chef d’Ançar Dine, dont notamment Mokhtar Belmokhtar, figure historique d’Aqmi surnommé « Le Borgne » ou encore « Mister Marlboro » pour son implication supposée dans le trafic de cigarettes. Ce dernier aurait été vu le 7 avril à Gao. Enfin, plusieurs dizaines de membres de la secte islamiste terroriste nigériane Boko Haram auraient été signalés dans le nord du Mali, combattant aux côtés du MNLA et du MUJAO notamment à Gao, laissant craindre une jonction de tout les mouvements islamistes et la régionalisation du conflit.

« Nos organisations demeurent très inquiètes sur la situation qui prévaut au Nord du Mali » a déclaré Me Sidiki KABA, président d’Honneur de la FIDH sur les antennes de RFI le 9 avril 2012. « Nous craignons que la volonté des groupes armés salafistes de supplanter le MNLA et les groupes touaregs n’amènent ces groupes à se combattre et que ces combats ne touchent les populations civiles et ne s’accompagnent de violations des droits de l’Homme » a-t-il ajouté.

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