Mali : les putschistes portés en triomphe par le peuple, à Bamako


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Les Maliens ont, par milliers, salué le coup d’Etat qui a balayé le régime d’Ibrahim Boubakar Keïta. Les rues de Bamako ont accueilli, ce vendredi, des scènes de liesse dont la ville a été sevrée depuis longtemps. Ceci, en présence des militaires putschistes.

C’était la liesse populaire dans les rues de Bamako ce vendredi. La foule était sortie nombreuse pour saluer ses héros, les éléments de la junte qui tient les rennes du pays depuis bientôt 72 heures. Malick Diaw, numéro 2 du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) et Ismaël Wagué, porte-parole, ont été littéralement portés en triomphe, ce jour, par la foule en délire, qui voyait en eux leurs sauveurs. Le départ de IBK a manifestement soulagé la population malienne, sortie en plus grand nombre, ce vendredi, par rapport aux jours précédents de manifestations anti-IBK.

C’est donc gonflé de fierté et du sentiment du devoir accompli que le colonel-major Ismaël Wagué a lancé à la foule : « Nous sommes venus (…) remercier le peuple malien pour son soutien. Nous n’avons fait que parachever le travail que vous aviez commencé ».
Parmi cette foule qui s’est déplacée, il y avait des responsables politiques dont certains ne se sont pas privés du plaisir de la parole. C’est le cas de Mohamed Aly Bathily : « Il n’y a pas de coup d’Etat, il n’y a pas de junte, nous avons des Maliens qui ont pris leurs responsabilités », a-t-il martelé.

Même l’imam leader de la contestation du régime d’IBK, Mahmoud Dicko, est intervenu pour remercier les militaires et inviter les uns et les autres à « chasser les démons de la division ».
Répondant à ceux qui lui prêtaient des ambitions politiques, Mahmoud Dicko est incisif : « Je suis imam et je reste imam », a-t-il tranché.

Précisons que deux parmi les 19 personnes mises aux arrêts par les militaires ont recouvré leur liberté, ce vendredi même. Il s’agit de Abdoulaye Daffé et Sabane Mahalmoudou, respectivement ancien ministre des Finances et de l’Economie, et secrétaire particulier du Président. IBK toujours détenu est, selon ceux qui l’ont vu – des membres de la MINUSMA ont pu voir les détenus jeudi –, « fatigué, mais serein ».

Son Premier ministre et lui ont été installés dans une villa à Kati. Même si « leurs conditions de détention sont acceptables », ils restent coupés de l’extérieur, car privés de télévision, de radio et de téléphone. Par ailleurs, la junte se dit prête à accueillir la délégation de la CEDEAO attendue ce samedi à Bamako.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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