La Communauté économique des Etats de l’Afrique (Cedeao) a engagé des négociations avec le capitaine Sanogo et les ex-putschistes installés à Kati, auteurs du coup d’Etat du 22 mars 2012, pour trouver une sortie honorable à la crise politique qui secoue le Mali depuis près d’un an. Trois questions à Michel Galy, spécialiste du Mali, qui explique à Afrik.com les enjeux de ces discussions. Interview.
Afrik.com : Pourquoi la solution politique de la crise malienne passe obligatoirement par des négociations avec les ex-putschistes ?
Michel Galy : Le capitaine Sanogo et les ex-putschistes représentent le pouvoir de l’ombre. Le travail de François Hollande c’est de légitimer Dioncounda Traoré. Qui n’est qu’un président par intérim et n’a donc pas de légitimité très forte. C’est pourquoi la France, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le Tchad et l’ONU tentent de reconstruire l’Etat malien en s’ingérant dans le jeu politique. Sous forme d’un double coup d’Etat : le premier, par la violence par le biais de la guerre au Mali et le second, par un coup d’Etat qui se fera grâce aux négociations ou par la violence, afin d’expulser les ex-putschistes du camp de Kati.
Afrik.com : La thèse d’un coup d’Etat contre le pouvoir du capitaine Sanogo est-elle plausible ?
Michel Galy : Ce serait une mauvaise idée de faire une ingérence politique à Bamako. Dans la capitale malienne, 10 à 20% de la population, entre autres les membres de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (COPAM), soutient les ex-putschistes et est contre toute ingérence extérieure. Et de dénoncer la mise sous tutelle du Mali par la France et la Cedeao. Pour que la thèse d’un coup d’Etat contre le pouvoir du capitaine Sanogo soit réalisable, il faudrait à la fois combattre les ex-putschistes et tirer sur la population.
Afrik.com : Quelles sont les attentes du capitaine Sanogo et de ses hommes de ces négociations engagées avec la Cedeao ?
Michel Galy : Ces négociations c’est un moyen de neutraliser les ex-putschistes. Le capitaine Sanogo représente un pouvoir fort au Mali. Et Dioncounda Traoré est vu comme le président de l’étranger. L’opposition malienne demande, pour sa part, l’organisation des assises, concertations, ainsi qu’une conférence nationale suivie des élections. Ce qui est également la position des Etats-Unis.