Mali : le porte-parole de la junte dévoile les raisons du coup d’Etat


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Ismaël Wagué et ses hommes
Ismaël Wagué et ses hommes

Dans une interview par téléphone accordée à France 24, ce jeudi, le colonel-major Ismaël Wagué livre les raisons qui les ont conduit, ses camarades et lui, à intervenir pour demander la démission du Président IBK. Il évoque également le M5, la transition…

C’est la première interview que le colonel-major Ismaël Wagué, porte-parole de la junte militaire qui a chassé du pouvoir le Président malien Ibrahim Boubakar Keïta, accorde à la presse. A la question de savoir pourquoi ce coup d’Etat, le militaire a été précis : « Déjà il y avait un blocage au niveau du pays, il y a longtemps. Ensuite, il y a une partie de la population qui souffrait, et au niveau même de la Défense, il y avait beaucoup de dysfonctionnements dans l’armée ; les militaires n’étaient plus en mesure de faire leur mission régalienne ; le niveau de corruption était trop élevé. Et je vous dis clairement : je préfère éviter le mot coup d’Etat, parce que ça n’en est pas un ».

Par ailleurs, Ismaël Wagué rejette également toute idée de démission de IBK sous la contrainte : « Est-ce qu’il a dit qu’il a démissionné sous la contrainte ? Il n’avait pas le choix parce que lui-même, il a vu comment les gens souffraient. Ça ne veut pas dire qu’il n’avait pas le choix parce qu’on avait braqué des armes sur ses tempes, non. », oppose-t-il. Pour lui, chacun est libre d’interpréter la démission du chef de l’Etat malien à sa façon.

Au sujet de la transition, le colonel précise que des rencontres sont déjà en cours avec les forces vives du pays, et qu’à l’issue desdites rencontres, un conseil de transition, qui pourra être présidé par un civil ou un militaire, sera mis en place. C’est cette mise en place de la transition qui déterminera le retour du pouvoir aux civils, sans précision de date. Toutefois, « ce sera une transition qui sera la plus courte possible », a-t-il laissé entendre.
A la question de savoir quel est le sort réservé à l’ex-Président, Ismaël Wagué répond : « Ce n’est pas à nous de le décider. Il y a le système judiciaire qui va décider de cela. Ce n’est pas nous, ce n’est pas notre travail.

En outre, le militaire rejette d’emblée l’existence de liens entre la junte et le M5 : « On n’a pas de liens avec le M5. On n’est pas manipulé par un parti politique. Ce que les gens du M5 disaient, c’était la vérité ; mais ça ne veut pas dire qu’on était avec eux. On n’a aucun contact avec le M5. C’est après l’action qu’on a contacté tout le monde pour les entendre et faire la transition », martèle-t-il.

Ismaël Wagué s’est également prononcé sur la crainte des sanctions qui, somme toute, ne vont que faire souffrir le peuple. Il précise que si des contacts sont établis avec la CEDEAO, tel n’est pas encore le cas avec l’armée française pour le moment. Pour finir, il a appelé à l’aide des différents partenaires pour une stabilisation de la situation du pays.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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