Le bras de fer judiciaire autour de l’économiste malien Etienne Fakaba Sissoko continue. La cour d’appel avait ordonné sa libération sous contrôle judiciaire le 14 octobre. Cependant, cet espoir a rapidement été anéanti par un pourvoi immédiat du parquet général. Accusé d’atteinte au crédit de l’État, Sissoko clame son innocence, mais reste en prison après sept mois de détention.
Selon la défense, cette affaire cache des enjeux politiques plus larges.
Une libération avortée : retour sur les faits
L’économiste Etienne Fakaba Sissoko, condamné en mai dernier à deux ans de prison dont un an ferme, avait vu une lueur d’espoir dans sa lutte pour la liberté. La cour d’appel est tenue de décider de sa libération sous contrôle judiciaire, le temps que l’audience sur le fond, prévu pour le 11 novembre, ait lieu. Mais ce moment de répit a été de courte durée. Le parquet général, usant de son droit de pourvoi suspensif, a immédiatement contesté la décision, ce qui maintient Sissoko en détention.
Un acharnement dénoncé par la défense
Pour l’avocat de Sissoko, Maître Ibrahim Marouf Sacko, cette nouvelle manœuvre judiciaire est perçue comme un acharnement injustifié. « Cela suscite un sentiment de désespoir et de regrets », confie-t-il. Il déplore que le parquet ait choisi de s’opposer à la décision de la cour d’appel, qui a jugé que Sissoko pouvait attendre son procès en liberté. Il rappelle que « la liberté est le principe » et que son client est toujours présumé innocent.
L’avocat souligne également le caractère symbolique de cette procédure. IL insiste sur le fait que la décision du parquet est perçue comme une attaque contre les droits fondamentaux de son client. Cette attitude rigide du ministère public est, selon lui, révélatrice d’une volonté d’intimidation contre ceux qui osent critiquer le gouvernement de transition.
Un procès au cœur de la liberté d’expression
L’affaire Sissoko a démarré autour d’un livre dans lequel l’économiste dénonce ce qu’il qualifie de « propagande » du gouvernement malien. Pour la défense, cet ouvrage est un travail académique, solidement argumenté, qui n’a engendré aucun trouble à l’ordre public depuis sa publication. Pourtant, Sissoko a été poursuivi pour « atteinte au crédit de l’État ». Cette accusation, selon ses partisans, revêt un caractère éminemment politique.
Un proche de l’économiste a déclaré : « Le pourvoi du parquet démontre une fois de plus que cette procédure vise à museler les voix critiques. » Cette affaire, loin d’être simplement juridique, est perçue par beaucoup comme une tentative d’étouffer les débats publics et de décourager ceux qui osent s’opposer au discours officiel.
Le combat pour la détente continue
Alors que l’audience sur le fond approche, Maître Sacko et ses collègues s’apprêtent à poursuivre leur combat juridique pour obtenir la détente d’Etienne Fakaba Sissoko. Le 11 novembre marquera un tournant décisif dans cette affaire qui, au-delà des simples faits, pose des questions cruciales sur la liberté d’expression au Mali et le rôle des intellectuels dans un contexte politique fragile.