Le Conseil national de Transition, organe législatif du Mali, a élu, ce samedi 5 décembre 2020, son président, en la personne du colonel Malick Diaw, numéro 2 de la junte qui a renversé le Président Ibrahim Boubacar Keïta.
Au Mali, les militaires s’imposent de plus en plus dans l’appareil étatique de la Transition. Après la nomination de plusieurs militaires à la tête des régions (13 sur 20), le colonel Malick Diaw, numéro 2 de la junte militaire qui a pris le pouvoir le 18 août 2020, vient de se voir remettre les rênes du Conseil national de Transition qui fait office de Parlement dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Candidat unique au poste, Malick Diaw a recueilli le vote favorable de 111 membres sur les 121 que compte l’organe. Le Conseil national de Transition regroupe des partis politiques, des représentants de la société civile, des syndicats et des militaires, tous réunis, ce samedi, à Bamako, pour la session inaugurale de l’organe. Sa mission est de réformer le système électoral, d’élaborer une nouvelle Constitution et d’organiser des élections pour l’installation d’un nouveau régime, dans l’intervalle de 18 mois.
La mise en place du Conseil national de Transition est le troisième acte fort posé par le régime de Transition au Mali, après la désignation d’un Président et la nomination d’un Premier ministre. Là encore, les militaires se sont taillé la part belle, avec 22 sièges acquis d’avance sur les 121 que compte l’organe.
L’élection du colonel Malick Diaw vient renforcer la position de certains Maliens qui dénoncent la grande domination exercée par la junte sur tous les organes de Transition. Il y a quelques jours, après la nomination des chefs de régions, des voix s’étaient élevées pour dénoncer l’instauration d’un régime militaire au Mali. « Ce n’est pas la première fois, mais ce qui choque cette fois, c’est leur nombre, plus de la moitié ! Ceux qui doutaient qu’on est dans un régime militaire doivent déchanter », avait déclaré Djiguiba Keïta, secrétaire général du Parti pour la renaissance nationale (PARENA), il y a quelques jours.
Pendant ce temps, l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, fervent soutien de la junte, justifie ces nominations : « Dans un pays où il y a beaucoup d’insécurité, nommer des militaires au poste de gouverneur s’explique. Cela s’est déjà fait auparavant. On regardera les résultats ».
Même si la junte continue d’avoir des partisans dans le pays, il faut reconnaître qu’elle est bien loin cette période où elle faisait l’unanimité parfaite.