Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré ce jeudi que l’usage de la force dans le nord du Mali était probable, voire inévitable. Or, la France ne veut pas s’engager directement et privilégie l’option d’une intervention militaire africaine, soutenue par la communauté internationale.
Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, a annoncé ce jeudi que l’intervention militaire contre les rebelles au Mali devrait arriver « à un moment ou un autre ». Ce dernier a insisté sur l’importance du rétablissement de la situation politique et de la légalité constitutionnelle au Sud pour reconquérir le Nord. C’est pour lui la première étape avant d’envisager toute intervention, au caractère inédit. « Le Mali, c’est une affaire extrêmement grave, car c’est la première fois que des terroristes se greffent sur des villes importantes et sont peut-être en situation de se greffer sur un État » a-t-il souligné lors d’une rencontre avec l’Association de la presse diplomatique, selon l’Express.
Dans une résolution adoptée la semaine dernière, le Conseil de sécurité de l’Onu a appelé à des sanctions contre les rebelles du nord du Mali qui s’allieraient à Al-Qaeda. De même, elle « soutient pleinement » les efforts de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union africaine (UA) dans la normalisation de la situation au Mali, sans toutefois permettre le déploiement d’une force armée africaine. C’est sur ce point précis que la Cedeao, qui prépare depuis des semaines l’envoi éventuel d’une force de 3 300 soldats dans le pays, a pressé le Conseil de sécurité afin d’autoriser le plus rapidement possible l’intervention.
La France change de ton
Une intervention à laquelle participerait la France, comme ce fut le cas en Côte-d’Ivoire en 2011, n’est pas envisageable pour le ministre français. « La France pour des raisons évidentes ne peut pas être en première ligne » selon lui, prenant en compte « le risque d’une réaction contre le colonisateur » français. D’après lui, l’ex-puissance coloniale est pour les islamistes « l’ennemi principal », en prenant pour preuve les six otages français détenus au Sahel par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Depuis le départ de Nicolas Sarkozy et l’arrivée de François Hollande à la tête de l’ État français, le rôle de la France semble avoir évolué sur le continent. Le président français a récemment rencontré de nombreuses personnalités africaines en affirmant vouloir assainir les relations entre l’Hexagone et ses anciennes colonies. « Depuis que Sarkozy est parti, je dors bien, mon médecin peut le confirmer », déclarait il y a peu le président guinéen Alpha Condé, en ajoutant que « François Hollande a les mains libres car lui n’a jamais touché d’argent de l’Afrique ».
Or, dans le cas du Mali, l’intervention militaire de la France pourrait être d’une importance capitale face à l’urgence de la situation et aux divisions quant à la stratégie à adopter. L’Algérie par exemple, principale force militaire de la région, a un autre regard sur la situation. Elle n’est pas favorable à une intervention militaire et considère qu’un pays voisin a forcément une approche différente que celle d’un pays lointain. De plus, le Mali et l’Algérie ont 1 300 kilomètres de frontières communes et la crise malienne a déjà engendré l’afflux de milliers de réfugiés en territoire algérien, et qui plus est dans une région difficile à approvisionner.
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