La France et la Suisse sont accusées de déstabiliser volontairement le nord du Mali en soutenant le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), notamment en délivrant des « passeports diplomatiques » à ses dirigeants. Ce qui a poussé un collectif de plusieurs associations maliennes à appeler au boycott des produits suisses et français au Mali.
Le Collectif pour la défense de la République (CDR), qui regroupe plusieurs associations maliennes, appelle, depuis le début du mois de juin, à boycotter les produits français et suisses. Ces deux pays sont accusés de soutenir le Mouvement de libération de l’Azawad (MNLA) et d’avoir donné des « passeports diplomatiques » aux dirigeants de ce mouvement. Le Mali a lancé des mandats d’arrêts internationaux contre certains de ces dirigeants.
Le porte-parole du CDR, Mohamed Youssouf Bathily, a certifié ce week-end que « deux tiers » des dirigeants politiques du MNLA détiennent des « passeports diplomatiques » ainsi que le statut de « réfugié politique ». Selon ce collectif, la Suisse fait tout pour soutenir ces rebelles et obtenir « des condamnations », notamment au sein de l’ONU. « Leur objectif est d’amener le Mali à reconnaître ou à leur accorder la libre détermination, mais officieusement pour l’intérêt d’entreprises qui ont leurs comptes dans des banques suisses. C’est à ce niveau que nous tenons la Suisse pour responsable », a poursuivi ce porte-parole.
Le MNLA, instrument de la France et de la Suisse
Le MNLA n’est que l’ « instrument » de la France et notamment de la Suisse qui profite de ce mouvement comme « carte de négociations pour des marchés, des contrats ou des lois économiques et financières lors des négociations futures au sein de l’OMC », a encore ajouté Mohamed Youssouf Bathily.
La Suisse s’est empressée de contredire officiellement cette affirmation qualifiée d’ « absurde et infondée ». « La Suisse n’a d’autre intérêt au Mali que la paix et la réconciliation entre les Maliens. La Suisse soutient un Mali libre, démocratique, uni et respectueux de ses minorités », a précisé un porte-parole du Département fédéral suisse des Affaires étrangères. Cette réponse n’a pas manqué d’être critiquée par les partisans du boycott en forme de justification d’un éventuel soutien aux rebelles.
En 2012, le journal suisse Le Temps avait évoqué une collusion entre la Suisse et le MNLA, indiquant que « le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) a participé à l’organisation et au financement d’une réunion politique des rebelles touaregs indépendantistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) les 25, 26 et 27 juillet (2012) à Ouagadougou », selon Maliactu. Deux représentants du DFAE auraient assisté à cette réunion financée par la Suisse.