Alors que les rebelles touaregs continuent leur progression vers Mopti au centre du Mali, depuis le début du conflit plus de 200 000 personnes ont fui leur domicile pour chercher refuge plus au sud vers Bamako ou dans un pays voisin annonce l’ONU qui fait part de sa préoccupation sur la situation humanitaire de ces déplacés.
Alors que le Nord du Mali est totalement aux mains des rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ou du groupe islamiste Ançar Dine, deux agences des Nations-unies ont exprimé mardi leurs préoccupations concernant la situation humanitaire du pays. Plus de 200 000 personnes fuyant les combats ont trouvé refuge dans les pays voisins ou dans d’autres régions du Mali. La situation s’est dégradée depuis que des combattants touaregs se sont emparés de plusieurs villes importantes dans le nord la semaine dernière, empêchant les agences humanitaires d’accéder aux personnes ayant besoin d’aide, s’inquiète l’ONU. « Plus de 2 000 personnes ont fui vers le Burkina Faso et la Mauritanie ces cinq derniers jours à cause de l’insécurité et de l’instabilité politique après le coup d’Etat militaire du 22 mars au Mali », a indiqué une porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors d’une conférence de presse à Genève.
Touaregs, Peuls, Arabes et Bambaras
La majorité des réfugiés sont des Touaregs, mais il y a également des Peuls, des Arabes et des Bambaras. Les Maliens qui fuient vers la Mauritanie sont pour la plupart originaires de la région de Tombouctou, alors que ceux qui fuient vers le Burkina Faso viennent à la fois de Gao et de Tombouctou, précisent les agences des Nations-unis. « La plupart ont indiqué au personnel du HCR qu’ils ont fui par peur des voleurs armés et de nouveaux combats dans le nord. Certains ont décidé de partir à cause du manque de nourriture. D’autres ont dit à nos équipes avoir quitté le Mali quand ils ont perdu espoir – après le coup d’Etat – qu’un accord de paix négocié survienne entre le gouvernement et les rebelles touaregs dans le nord », a indiqué Melissa Fleming.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a déclaré pour sa part qu’il avait été forcé de suspendre la distribution de denrées alimentaires dans plusieurs régions dans l’est et le nord du pays, ses bureaux et entrepôts ayant été mis à sac et pillés. A Bamako, les réserves de riz ou de pétrole ne dépassent pas quelques jours de consommation et la population s’inquiète alors que la junte appelle à l’aide ses voisins : « Les rebelles continuent à agresser notre pays et terroriser nos populations (…). La situation est à cette heure critique, notre armée a besoin du soutien des amis du Mali pour sauver les populations civiles et sauvegarder l’intégrité territoriale du Mali », a déclaré le Capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de la junte. Pour autant, il y a peu de raisons que le MNLA descende vers Bamako, mais la situation nécessite de trouver un interlocuteur crédible pour négocier avec les rebelles.
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