Mali : la Présidentielle de février 2024 reportée sine die


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Le Colonel Assimi Goïta
Assimi Goïta, président de la Transition du Mali

Initialement prévue pour les 4 et 18 février 2023 (premier tour et second tour), l’élection présidentielle au Mali est désormais renvoyée à une date ultérieure.

C’est le ministre porte-parole du Gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, qui a fait l’annonce du report de la Présidentielle, ce lundi. « Les dates de l’élection présidentielle initialement prévues pour le dimanche 4 février (premier tour) et le dimanche 18 février (second tour) éventuellement, connaîtront un léger report, pour des raisons techniques », a déclaré le colonel. De même, le communiqué a précisé que le Gouvernement de la Transition organisera « exclusivement l’élection présidentielle, pour sortir de la Transition ». Quant aux autres élections, elles devront faire « l’objet d’un autre chronogramme qui sera établi par les nouvelles Autorités ». Abdoulaye Maïga a également indiqué que « les nouvelles dates de l’élection présidentielle seront annoncées ultérieurement. Après échange avec l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE).

Un report dicté par une série de motifs

Trois groupes de problèmes figurent au rang des raisons techniques évoquées par le Gouvernement malien pour justifier le report de la Présidentielle. Il y a d’abord « la prise en compte de nouvelles dispositions constitutionnelles dans la loi électorale, en particulier l’augmentation de délais entre les deux tours des élections présidentielles ». Ensuite, le communiqué évoque « la prise en compte par l’AIGE des résultats de la révision annuelle des listes électorales (1er octobre au 31 décembre 2023) dans le fichier électoral, à partir de janvier 2024 ». Pour le gouvernement, c’est le seul moyen pour garantir une participation massive des Maliens aux élections à venir.

Enfin, le communiqué fait état de la « prise en otage » de la base de données du Recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC) par la société prestataire IDEMIA, une société française. Selon le communiqué, le contrat signé, en 2018, entre les autorités maliennes et cette société « portait sur une solution propriétaire, dont le Mali n’a pas le code d’accès. Ceci a amené le gouvernement de la Transition à arrêter la base de données RAVEC, à partir de mars 2023. Un contentieux est donc créé entre la société française et la partie malienne.

Un deuxième report

C’est la deuxième fois que les colonels ayant pris les rênes du Mali, depuis les coups d’État de 2020 et 2021, reportent les élections. Initialement prévues pour se tenir en février 2022, les consultations électorales avaient été repoussées à février 2024, sous la pression de la CEDEAO. En effet, à la fin de l’année 2021, la junte malienne avait exprimé son ambition de conserver le pouvoir pendant quelques années, afin de remettre, à l’en croire, le pays sur les rails. La réaction de la CEDEAO avait alors été vive. Une série de sanctions avaient été prises contre le Mali. Ce qui obligea les militaires au pouvoir à revoir leur calendrier et à proposer le mois de février 2024 pour organiser les élections.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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