Les mineurs de Morila, site aurifère du sud du Mali, ont décidé d’entamer mercredi une grève de 48 h pour, notamment, le paiement des fonds de réinsertion. Ces fonds visent à garantir un salaire aux travailleurs après la fermeture de la mine prévue en 2009. Cette grève fait écho à celle de 2005 qui s’était soldée par le licenciement des travailleurs pour « abandon de poste ».
En ces temps de crise financière mondiale, l’or est devenu une valeur refuge. La mine de Morila située au sud du Mali, gérée à 80 % par la multinationale sud-africaine Anglogold et à 40 % par l’Etat malien profite de cette situation. Si en surface tout semble paisible, à l’intérieur de la mine la colère monte.
Une grève de 48h
Les travailleurs ont décidé de faire grève mercredi et jeudi. Les employés des quatre sociétés présentes sur la mine: Morila SA et la Somadex, spécialisées dans l’extraction minière, Bloombury Minerals Economics (BME), une entreprise d’explosifs et le laboratoire de recherche sur le minerai ANALABS réclament de meilleures conditions de travail. Ils souhaitent que la convention collective des mines soit respectée. Depuis l’ouverture de Morila en octobre 2000, l’octroi de la prime de rendement – payés en cas de surproduction – , de la prime de risque professionnel n’ont toujours pas été effectués. Il en est de même pour l’attribution de matériel de protection individuelle contre les risques professionnels et l’indemnité de cherté de la vie. « On ne peut pas continuer comme ça. C’est intolérable. Ils profitent de nous ! », lance Mory Diakité, délégué du personnel de la confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), à Afrik.com. « On a montré aux dirigeants un cahier des charges avec nos doléances mais rien a abouti. Si nous faisons grève aujourd’hui c’est pour faire valoir nos droits », ajoute-t-il.
En octobre dernier, une tentative de conciliation entre les deux partis s’était soldée par un échec. La raison ? les responsables n’auraient pas assez d’argent pour payer les primes et indemnités. Parmi leurs autres revendications : la prime des fonds de réinsertion qui vise à garantir un salaire aux travailleurs à la fermeture de Morila. « Nous demandons à nos entreprises de nous verser un fonds de réinsertion d’un montant équivalant à cinq ans de salaire brut » précise Mory Diakité. L’exploitation de la mine qui devait s’achever en 2011 a été ramenée à 2009 en raison de la forte productivité de Morila.
La prime de rendement au centre des débats
Les travailleurs se battent pour faire valoir leur prime de rendement. « Si elle était payée, les ouvriers percevraient une prime à hauteur de 75 % de leur salaire de base, les laborantins et les mécaniciens à hauteur de 50 % », explique le délégué du personnel. Cette prime est au cœur de toutes les revendications. En 2005, la cour d’appel de Bamako avait demandé aux dirigeants le paiement des primes de rendement évaluées à 17 milliards de FCFA (26 millions d’euros), sans succès.
Devant la réaction des responsables de Morila, une grève illimitée a été lancée. Au final, 17 ouvriers ont été licenciés « pour abandon de poste » tandis que 60 autres grévistes ont été menacés de licenciement. Une manière pour les dirigeants de se débarrasser des fauteurs de troubles. Espérons qu’ils réagissent différemment cette fois-ci. Mory Diakité lui n’en démordra pas : « Nous sommes prêts à continuer la grève si nos revendications ne sont pas prises en compte ! ».
Sur la photo: anciens grévistes de 2005 à Morila