Mali : « La France peut se retrouver seule à faire la guerre »


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La France a poursuivi ses frappes aériennes cette nuit aux environs de Diabaly, ville située à environ 400 km du Nord de Bamako. François Hollande a annoncé, ce mardi matin à Abou Dhabi, que 750 militaires français sont actuellement engagés dans le conflit au Mali. Selon l’entourage du ministère de la Défense, le chiffre de 2500 soldats français « sera atteint progressivement ». Contacté par Afrik.com, Frédéric Lejeal, rédacteur en chef de La Lettre du Continent, nous explique la nouvelle stratégie d’éparpillement des jihadistes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Interview.

Afrik.com : Les jihadistes sont mieux formés et armés que prévu. On peut s’attendre à une intervention militaire longue. Pourquoi la France s’est engagée dans cette guerre risquée ?

Frédéric Lejeal :
Parce que, jeudi dernier il y a eu une offensive violente et dense des groupes salafistes qui occupent le Nord-Mali depuis janvier 2012. La France s’est emparé du dossier malien depuis l’accession au pouvoir de François hollande il y a neuf mois, pour que l’ONU adopte une résolution autorisant l’intervention militaire. Les jihadistes ont menacé de descendre sur Mopti puis sur Bamako. La France n’avait d’autres choix que de stopper cette avancée.

Afrik.com : Cette guerre se déroule sur un territoire désertique aux frontières larges. Est-ce que la France a les moyens de ses objectifs ?

Frédéric Lejeal :
La nouvelle stratégie des groupes jihadistes c’est l’éparpillement dans une zone désertique pour qu’ils soient de moins en moins repérables. Il s’agit de la stratégie de dissémination. Ce qui va compliquer le conflit. La France fait tout pour que la force internationale se mobilise pour lui prêter assistance pour qu’elle ne soit plus en ligne de mire. Pour l’instant, elle bénéficie seulement de l’aide logistique. La Grande-Bretagne, par exemple, lui a fourni deux avions de transport de troupes et les Etats-Unis lui apporte une aide dans le renseignement. Même si plusieurs pays africains ont envoyé des troupes, comme le Sénégal, le Burkina Faso, le Niger, la plus grande menace qui pèse sur la France, c’est de se retrouver seule à faire la guerre en attendant que la force internationale envoie les troupes. D’autant que cette force n’est pas du tout organisée malgré le commandement nigérian. La France peut être prise au piège de cette impréparation.

Afrik.com : Pourquoi la France doit prendre au sérieux la menace terroriste ?

Frédéric Lejeal :
Elle peut exister, évidemment. Les communautés françaises d’Afrique sont menacées. Rappelons-nous de l’enlèvement de deux otages à Niamey) et de sept autres à Arlit (Nord) par Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique). Même si les pays qui entourent le Mali tentent de se protéger, il existe des réelles menaces qui pèsent sur des intérêts français et les Français expatriés. Il y a 6000 Français qui vivent au Mali.

Afrik.com : Si la France s’est engagée dans cette guerre aussi risquée, c’est qu’elle a quelque chose à gagner. Quels sont ses intérêts dans ce conflit ?

Frédéric Lejeal :
Des intérêts stratégiques au Niger et en Mauritanie. Comme souvent en Afrique, la France a dû faire le job. Elle connait les paramètres, elle a l’habitude du terrain et elle connait les acteurs. C’est pourquoi elle s’est proposée. L’actualité a, cependant, précipité son intervention. Au départ, la France voulait juste apporter une aide logistique au Mali.

Afrik.com : Sur la plan politique, qu’est-ce que François Hollande a à gagner ou à perdre ?

Frédéric Lejeal :
Pour l’instant, au baromètre de l’opinion publique, les Français le voient en chef des opérations. Alors qu’avant l’intervention militaire, il était en chute libre dans les sondages car on lui reprochait de ne pas savoir endosser les habits de président. Ce qui pèse sur lui c’est la vie des otages qui est menacée par cette intervention militaire.

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