La tension monte à Bamako. Le procureur a requis un an de prison ferme et une lourde amende contre Issa Kaou N’Djim, figure politique malienne, en raison de ses critiques envers les autorités burkinabè. Ce procès illustre clairement un climat politique marqué par une répression croissante des voix dissidentes, non seulement au Mali, mais également au Burkina Faso et au Niger.
Ainsi, cette affaire dépasse largement le cadre judiciaire et soulève des interrogations profondes concernant la liberté d’expression et les dérives autoritaires dans la région.
Un procès symbolique dans un contexte régional tendu
Autrefois proche du chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, Issa Kaou N’Djim a rapidement attiré l’attention de la justice après avoir remis en question. C’était lors d’une émission sur Joliba TV News, la crédibilité d’un supposé coup d’État déjoué au Burkina Faso. De ce fait, les autorités ont décidé de le poursuivre pour « offense envers un chef d’État étranger » et « injures par le biais d’un système d’information« .
Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large où les régimes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger, désormais liés par l’Alliance des États du Sahel (AES), multiplient les mesures restrictives contre les médias et les opposants. Par conséquent, ces actions contribuent à renforcer un climat de méfiance et de contrôle strict sur l’espace public.
Répression médiatique : Joliba TV News sous pression
Dans ce même cadre, les autorités maliennes n’ont pas tardé à sévir contre Joliba TV News. En novembre dernier, elles ont décidé de fermer la chaîne à la suite des déclarations d’Issa Kaou N’Djim. Plus récemment, elles ont durci leur position en suspendant la chaîne pour six mois. Cette décision, par ailleurs, illustre parfaitement la pression grandissante exercée sur les médias indépendants. Pourtant, celles-ci peinent déjà à survivre dans cette région marquée par l’instabilité.
Une figure controversée sous le feu des projecteurs
Issa Kaou N’Djim, quant à lui, n’en est pas à son premier affrontement avec la justice. En 2021, il avait été condamné à six mois de prison avec sursis pour des propos jugés subversifs. Cependant, cette fois-ci, les sanctions demandées par le parquet s’annoncent bien plus sévères. En plus d’une peine de prison ferme, une amende de 5 millions de FCFA (environ 7 659 euros) a été requise.
Quels impacts pour la liberté d’expression au Sahel ?
Au-delà du cas personnel d’Issa Kaou N’Djim, cette affaire révèle une tendance préoccupante. De plus en plus, la liberté d’expression recule dans les pays du Sahel. Dans ceux-ci, les régimes autoritaires adoptent des mesures drastiques contre les voix critiques. En conséquence, la répression des médias, l’emprisonnement des opposants et le durcissement du climat politique semblent s’intensifier.
Alors que la décision du tribunal est attendue pour le 30 décembre, nombreux sont ceux qui estiment qu’Issa Kaou N’Djim pourrait devenir un symbole des luttes pour la démocratie et les droits fondamentaux dans cette région troublée.