Près de 160 soldats de la force de l’ONU au Mali (Minusma) originaires du Tchad ont déserté leur base à Tessalit sans autorisation de leur chef pour protester contre le non-versement de leurs salaires depuis qu’ils ont été déployés au Mali.
En colère. Agacés. Au moins 160 soldats faisant partie de la force onusienne ont déserté entre lundi et mardi leur base, située au camp militaire d’Amachach, près de Tessalit, munis de leurs munitions, dans le nord-Mali. Les militaires, qui n’ont même pas pris la peine d’avertir leurs chefs, protestent contre leurs arriérés de salaires qui ne leur ont toujours pas été versés depuis qu’ils ont été déployés dans le nord-malien. Soit neuf mois ! Ils réclament également d’être relevés pour prendre du repos après plusieurs mois de combats.
« Nous sommes partis de Tessalit pour réclamer de meilleures conditions de vie et réclamer aussi nos salaires. Ca fait neuf mois que nous sommes au Mali et beaucoup d’entre nous n’ont pas de salaire. Ca ne va pas », a confié un capitaine tchadien, joint au téléphone par l’AFP depuis Gao, la plus grande ville du nord du Mali. Pourtant le Tchad a apporté une grande contribution dans le conflit malien. Avec 2 000 hommes déployés pour chasser les groupes terroristes du nord-Mali, le pays était en première ligne au champ de bataille.
Ils ont fait le boulot le plus dur sur le terrain
D’après Abdelnasser Garboa, coordinateur du Collectif de soutien aux Forces armées tchadiennes en intervention au Mali (Fatim), qui s’est confié à RFI, « ce sont les mêmes forces qui ont combattu les jihadistes, qui sont encore là-bas. La relève est actuellement en formation, parce qu’il faut les mettre aux normes onusiennes […]. Pour le moment, ce sont donc les mêmes gars qui ont fait le boulot le plus dur sur le terrain, qui ont perdu beaucoup des leurs, et tout cela joue sur leur moral…»
Une affaire qui est sans doute parvenue au Président tchadien Idriss Deby qui se rendra jeudi à Bamako, pour assister à l’investiture d’Ibrahima Boubacar Keita (IBK) en présence de plusieurs dirigeants africains, dont François Hollande. Une cérémonie festive devrait être organisée pour marquer le début du mandat du chef d’Etat malien, élu le 11 août. Pourvu que la fête ne soit pas gâchée par l’affaire des soldats mutins tchadiens…