Le Mali, ex-colonie française, a commémoré ce samedi le 52e anniversaire de son indépendance. La cérémonie, placée sous haute surveillance, a été brève et sobre. Le président malien de la transition, Dioncounda Traoré, s’est contenté de déposer de fleurs sur la place de l’Indépendance, avant d’assister à une prise d’armes symbolique et au défilé organisés dans le camp du génie militaire de Bamako, la capitale malienne. La crise au Nord-Mali hante les esprits, d’autant que les islamistes posent l’application de la charia comme préalable à toutes négociations.
Le 52e anniversaire de l’indépendance se fête dans la peur. Le Mali, ex-colonie française, a célébré ce samedi à Bamako le 52e anniversaire de son indépendance. Mais, l’ambiance n’était pas à la fête. L’occupation du Nord-Mali, depuis six mois maintenant, par les islamistes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), hante tous les esprits. D’autant que les terroristes posent l’application de la charia, la loi islamique, comme préalable à toutes négociations. Du coup, la cérémonie, placée sous haute surveillance, a été brève et sobre.
« Le président par intérim Dioncounda Traoré a déposé des fleurs sur la place de l’Indépendance, en présence des membres du gouvernement, à l’exception du Premier ministre Cheikh Modibo Diarra, en mission à New York », rapporte l’AFP. Et de souligner : « Une simple prise d’armes symbolique et un défilé ont été organisés à l’intérieur même du camp du génie militaire à Bamako ».
Le conflit au Nord-Mali en question
Suite à la demande de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), réunie de lundi à jeudi à Abidjan, les autorités maliennes ont fini par accepter le déploiement des troupes de l’organisation ouest-africaine sur leur sol en vue d’une intervention militaire au Nord-Mali. « Il s’agissait de voir quel est le meilleur cadre pour que ces forces soient déployées sans trop heurter la susceptibilité et la sensibilité des populations qui restent très attentives au déploiement de toute force étrangère sur notre territoire », a expliqué à la presse Yamoussa Camara, le ministre malien de la Défense, à l’issue de son entretien avec le président ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Cedeao.
Le Mali revoit donc son refus du déploiement des « forces militaires combattantes » de l’organisation ouest-africaine à Bamako. Le Premier ministre malien Cheikh Modibo Diarra l’avait encore confirmé ce mercredi, en visite officielle à Paris, les autorités maliennes préféraient que la base de la Cedeao s’installe dans la banlieue de la capitale malienne, et se concentre uniquement sur la protection de son personnel civil et militaire. « Nous avons suffisamment de troupes, ce qui nous manque c’est le renseignement, l’aspect logistique et la formation (…), le Mali aura aussi besoin de logistique, d’armes, de formation et de renseignement pour la phase de reconquête du nord », avait-t-il déclaré.
Les islamistes veulent négocier…
Les islamistes, affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), occupent depuis six mois maintenant les quatre régions administratives du Nord-Mali : Gao, Tombouctou, Kidal et Douentza. Ces derniers multiplient les sévices corporels à l’encontre des habitants qui n’obéissent pas à la charia, la loi islamique.
Un responsable islamiste de la sécurité à Gao a affirmé ce samedi à l’AFP que les islamistes sont prêts à négocier avec le gouvernement malien à condition que Bamako applique la charia. « Nous acceptons la main tendue de M. Traoré à une seule condition : que le Mali applique la charia, la loi de Dieu, c’est la seule condition », a déclaré Alioune Touré. « Si les gens du sud (du Mali) veulent la négociation avec l’application de la charia, nous sommes d’accord. Mais si c’est la guerre qu’ils veulent, nous sommes aussi d’accord. Dieu est le plus fort », a-t-il ajouté.
Même si les autorités maliennes et la Cedeao semblent désormais d’accord pour le déploiement à Bamako des « forces militaires combattantes », la guerre n’est pas encore déclarée contre les islamistes du Nord-Mali. Il reste à l’ONU de valider une résolution approuvant une intervention armée.
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