Le culte de l’homme fort est très populaire au Mali. La jeune association malienne d’haltérophilie, As-mahalt, est née du souci de mettre fin à la pratique anarchique et aveugle d’une discipline que beaucoup confondent avec le culturisme. Une discipline qui nécessite, par ailleurs, beaucoup de précautions, car les risques d’accidents, parfois mortels, sont nombreux. Youssouf Guindo, le président-fondateur de l’association fait ce point sur ce sport dans le pays.
Par Smahane Bouyahia
Etre costaud. Un rêve de bien des jeunes au Mali. Mais pour cela il ne suffit pas simplement de soulever des poids, ce qui peut s’avérer très dangereux pour la santé quand cela est fait n’importe comment. Nombreux sont aussi ceux qui font l’amalgame entre culturisme et haltérophilie. La jeune association malienne d’haltérophilie, As-mahalt, a justement été créée pour palier ces carences d’information et pour donner toutes ses lettres de noblesse à un sport olympique, qu’elle considère comme un véritable facteur d’excellence pour l’individu.
« Mettre fin à la mauvaise image de l’haltérophilie », c’est une des raisons qui, selon Youssouf Guindo, le président-fondateur de l’As-mahalt, a motivé la création de l’association. Il s’agit d’améliorer la réputation péjorative de ce sport auprès de la population malienne. « En général au Mali, comme en Côte d’Ivoire, être haltérophiles revient à être un loubard, un drogué, un casseur ou un homme de mains utilisés à des fins politiques pour mater les rebellions. Cette image est due à l’amalgame que les gens font entre le culturisme et l’haltérophilie, mais il convient de montrer la différence entre les deux disciplines. Un seul point commun les unit : le lever de poids. Mais l’haltérophile n’en demeure pas moins un sport olympique. Notre but est de faire converger ces deux pratiques afin d’amener le plus de culturistes possibles vers l’haltérophilie. Nous avons besoins de bras valides et nous souhaitons discipliner ce sport », explique-t-il.
Un sport très dangereux quand il est mal pratiqué
L’haltérophilie est un sport qui peut s’avérer extrêmement dangereux pour le corps quand il est mal pratiqué. « Nous souhaitons mettre à la disposition des pratiquants, des moyens, des spécialistes (techniciens, diététiciens, médecins de sport) afin d’éloigner le risque d’accidents, parfois mortels (…) Les maladies sont assez classiques, il s’agit en général de malformations physiques dues à un tassement des vertèbres. Le cartilage osseux est souvent atteint et des paralysies irréversibles peuvent survenir », explique le professeur Mamadou Koré, directeur technique adjoint de l’As-mahalt. « Ces blessures sont dues à une mauvaise pratique de l’haltérophilie et à un mauvais encadrement sportif. Les adeptes soulèvent plus de poids qu’ils ne devraient. Ils ne savent pas où se trouvent leurs limites », ajoute-il. Il rappelle qu’il existe, d’une manière générale, différentes façons de lever les poids, la plus dangereuse reste celle que l’on appelle le « développer debout », la moins périlleuse demeure « l’arrachée debout ».
« La force, l’intelligence et la discipline au service de la société ». C’est avec ce slogan, que l’As-Mahalt, tente de développer la pratique de cette discipline. Youssouf Guindo estime que l’haltérophilie est « un potentiel, un réservoir inépuisable de jeunes bien éduqués pouvant jouer un rôle catalyseur dans le processus de développement de [la] nation (…) L’ambition de notre jeune association est de rendre ce facteur plus efficace en garantissant aux jeunes, un mental de fer dans un physique impressionnant, en leur inculquant des notions rigides de discipline, de patriotisme et de civisme sans lesquelles il n’y a point de développement. Bref, en faisant de ces jeunes des modèles dans la société… » Pour l’heure, la principale mission de l’association reste de créer la Fédération malienne d’haltérophilie afin d’offrir des opportunités de compétitions nationales et internationales à ses pratiquants. L’As-mahalt est actuellement dans l’attente d’une manifestation de la Fédération internationale d’haltérophilie. Les fédérations française, canadienne et asiatique n’ayant, elles, toujours pas répondu à leurs correspondances. Affaire à suivre.