L’aéroport international de Bamako-Sénou, principale porte d’entrée du Mali traverse une zone de turbulence. Et pour cause, la privatisation annoncée de cette infrastructure n’est pas du goût de tout le monde, notamment les travailleurs qui entendent se battre jusqu’au bout afin de préserver leurs emplois.
Le processus de privatisation de l’aéroport international de Bamako-Sénou lancé depuis deux ans a atteint sa vitesse de croisière. Cette concession est l’une des conditions du financement accordé par le gouvernement américain à travers la Millenium Ghallenge Corporation (MCC) et mise en œuvre par le Millenium Challenge Account (MCA-Mali). Estimé à 180 millions de dollars soit environ 90 milliards FCFA, ce financement permettra de moderniser et d’assurer des travaux d’extension de l’aéroport de Bamako-Sénou grâce notamment à la construction d’une nouvelle aérogare passagers, d’une aérogare fret. L’exploitant privé, devra apporter son expérience et son savoir-faire dans le partenariat public-privé au sein de l’aéroport de Bamako-Sénou. Un partenariat qui va durer 30 ans. L’arrivée du nouveau concessionnaire est prévue pour le début de l’année 2012.
L’opposition des travailleurs
Pourtant cette privatisation annoncée est difficile à avaler pour les travailleurs. Ils ont du mal à embaquer dans cette nouvelle aventure. « Non à la privatisation sauvage de Bamako-Sénou ». C’est la position ferme du collectif des femmes de l’aéroport. En tout cas, pour elles, aucune raison, aujourd’hui, ne justifie la liquidation de cet aéroport. Selon le collectif, Bamako-Sénou ne souffre de rien, il n’a pas de problème. Il est à jour du paiement de ses taxes et impôts (plus d’un milliard par an dans la caisse de l’État), pas d’impayé de facture d’électricité ni de communication. Mieux, sa santé financière lui a permis de se métamorphoser sur fonds propres.
«Notre société n’a pas de problème, nous ne voulons pas de cette privatisation. Il n y a aucun plan social prévu. En outre le syndicat n’a été associé ni de près, ni de loin à ce processus», s’insurge une dame du collectif.
Pour le ministre malien de l’Équipement et des Transports Ahmed Diane Seméga, le processus de privatisation de la gestion de cette plate-forme aéroportuaire est déjà enclenché. Et pour lui, aucun licenciement n’est prévu.
Pour l’heure les syndicalistes viennent de remporter la première manche du bras de fer qui les opposait à la patronne des lieux, Thiam Aya Diallo. Celle-ci a été débarquée par le gouvernement. Mais ils veillent au grain. Pour eux, la lutte n’est gagnée qu’à 50%. L’autre moitié étant le combat contre la privatisation. Le syndicat se dit déterminé à tout mettre en œuvre pour empêcher ce processus.
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