La visite en Algérie de l’imam malien Mahmoud Dicko avait fini d’installer un climat de doute entre Bamako et Alger. Les deux pays en sont même arrivés à rappeler réciproquement leurs ambassadeurs. Le religieux rompt le silence pour donner des éclairages sur son déplacement source de polémique.
La colère des autorités maliennes
Il a effectué un séjour très remarqué en Algérie où il a rencontré le chef de l’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune. Imam Mahmoud Dicko, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a déclenché une colère des autorités maliennes. Ces dernières sont allées jusqu’à convoquer l’ambassadeur algérien au Mali pour protester contre cette visite.
Dans la foulée, Alger a aussi convoqué l’ambassadeur malien pour expliquer sa démarche et sa vision dans le conflit malien. Une tension diplomatique venait de naître entre les deux pays voisins en Afrique et qui partagent plus de 1 300 km de frontières. Surtout que le patron des Touaregs avait pris part à cette audience accordée par le Président algérien.
Les explications de l’imam Dicko
Face à la polémique qui enfle au Mali, Imam Mahmoud Dicko, à qui il est collé l’étiquette de traître, se justifie. Prenant Dieu à témoin, il confie qu’il ne « trahirait jamais son pays, car tout ce qu’il possède lui est redevable ». Pourquoi dans ce cas, s’est-il rendu en catimini en Algérie ? Le religieux s’emploie à donner plus de détails sur son séjour algérien.
« Le Président algérien, ayant construit la troisième plus grande mosquée au monde après celles de La Mecque et de Médine, un centre de réflexion aussi pour les chercheurs et les savants du monde, afin de trouver des solutions aux crises multidimensionnelles, a voulu me réserver une place. Il a aussi abordé le dialogue entre autorités maliennes et rebelles pour trouver un terrain pacifique », explique Imam Dicko.
Mêmes peuples en Algérie et au Mali
Et de rappeler les propos du Président algérien. « Nos deux pays sont frontaliers. De plus, ce sont les mêmes peuples qui se trouvent au nord du Mali et au sud de l’Algérie, et rien ne peut toucher le Mali sans que les retombées ne se fassent sentir sur l’Algérie. Nous ne voulons pas qu’ils pensent que nous sommes ennemis », a, selon lui, confié le Président Abdelmadjid Tebboune.
Face à ses détracteurs qui l’accusent de « conspirer avec les rebelles contre le Mali », Mahmoud Dicko se veut clair : ces derniers « cherchent à me tendre un piège pour compromettre ma crédibilité auprès des Maliens ». Le religieux malien confie que suite à sa rencontre avec le chef de l’État, algérien, « j’ai été interviewé par des journalistes, abordant les relations entre nos deux pays ».
Imam Dicko, défenseur du peuple malien
Il révèle que « cela a déplu aux autorités car j’avais réussi à déjouer leurs pièges. Cela les a irrités, les poussant à interpeller l’ambassadeur algérien pour protester, en arguant que son Président avait reçu une personne hostile à la transition mais non aux autorités de la transition ». Et Imam Dicko de questionner : « quel tort ai-je pu causer à ceux qui dirigent actuellement le Mali ? »
Imam Mahmoud Dicko a en outre déploré que « certains individus ont tout fait pour semer la discorde entre moi et les dirigeants successifs du pays ». Par le passé, le religieux malien a, en effet, souvent adopté des postures aux antipodes des volontés des dirigeants maliens. Ceux-ci ramant à contre-courant de la volonté et des intérêts du peuple malien. Lequel peuple a toujours eu le soutien de l’imam Dicko.