Malgré la grave crise politico-miliaire que connait leur pays, les Maliens suivent avec beaucoup d’attention la campagne électorale en France qui oppose le président sortant Nicolas Sarkozy à François Hollande. Le candidat de la gauche française incarne pour de nombreux Maliens le changement surtout dans la relation France – Afrique.
(De notre correspondant)
En cette matinée de mai, le soleil pointe déjà à l’horizon dans le ciel de Bamako. Trois jours après la brune de poussière et la guerre des bérets, les Bamakois ont repris leurs différentes activités. Nous sommes ici au quartier du fleuve en plein centre-ville, sur la rive gauche du fleuve Niger, théâtre des violents affrontements qui ont opposés les bérets rouges fidèles de l’ancien président ATT aux ex- putschistes du capitaine Sanogo. Ces douloureux évènements du lundi noir sont au centre des conversations. Mais le débat télévisé de l’entre-deux-tours qui a opposé ce mercredi Nicolas Sarkozy à François Hollande retient l’attention de plusieurs personnes venus acheter les journaux au kiosque.
Rupture
Parmi eux, Mohamed Traoré, médecin dans une clinique de la Capitale. La France, il connait bien pour y avoir fait ses études et c’est avec intérêt qu’il suit la campagne électorale. « François Hollande a montré lors de ce débat qu’il est capable de diriger la France. Il a les capacités intellectuelles et son programme est meilleure que celui de Sarkozy qui est resté sur la défensive », explique le médecin. Dans la ville des trois Caïmans, les cinq ans de Sarkozy riment avec Immigration choisie, Guerre en Libye, etc. « Vivement je souhaite la défaite ce dimanche 6 mai de Sarkozy. Avec sa politique migratoire, il est aujourd’hui difficile pour les Maliens d’aller en France. En outre, cette politique favorise la fuite des cerveaux. Sarkozy fait le jeu de l’extrême droite », note Idrissa Kanté, un informaticien dont la sœur vit à Paris depuis une décennie. « Si Sarkozy est réélu, il va encore durcir les conditions d’entrées et de séjour sur le sol français », conclut Idrissa.
Ingérence
La politique extérieure lors du quinquennat de Sarkozy est vivement critiquée ici à Bamako. « La guerre en Libye a été sous l’impulsion de Sarkozy. C’est à cause de lui que l’Otan a attaqué ce pays ami du Mali. Aujourd’hui notre pays est l’une des victimes collatérales de ce conflit, notamment avec la rébellion touareg dont la plupart des combattants étaient en Libye », fustige Daouda Diarra, un étudiant. Pour lui, la France devrait s’impliquer davantage dans la résolution de la crise que traverse le Mali. « Elle peut nous aider si elle le veut. Cela en faisant pression sur les mouvements armés qui sévissent dans le septentrion malien », ajoute-t-il.
Amadou Coulibaly, lui, pense que la France doit aider les pays du sahel dans leur combat contre le terrorisme. Cela en mettant à leur disposition les moyens logistiques adéquats. Même si le candidat socialiste François Hollande est le favori des Bamakois, Sidi Kouyaté, un comptable, estime que Nicolas Sarkozy est un leader, un homme pragmatisme qui a fait de la France un leader de la politique internationale. Il souhaite que les Français lui accordent leurs suffrages afin qu’il puisse continuer dans cette voie.