Mali : escalade des opérations du groupe Wagner dans la commune de Nampala


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Paramilitaires russes de Wagner
Paramilitaires russes de Wagner

Au Mali, le groupe paramilitaire Wagner, en soutien à l’armée nationale, a intensifié ses actions dans la commune de Nampala, située dans la région de Ségou, près de la frontière avec la Mauritanie. Des exactions attribuées au groupe Wagner inquiètent les populations locales, qui dénoncent des arrestations massives et des exécutions sommaires.

Au cours de la semaine dernière, une série d’arrestations et de meurtres a été signalée, avec une vingtaine de personnes arrêtées et deux autres tuées. Ces événements se déroulent dans une zone où le groupe djihadiste Jnim, lié à al-Qaïda, exerce une forte influence. Selon des témoins, Wagner est intervenu dans plusieurs hameaux de Nampala, tels que Ndorgollé, Sikere-Tamba, Fagui, et Sikere Ndoupa.

Un corps retrouvé égorgé, un autre brûlé

Les arrestations ont été effectuées sous les yeux de nombreux habitants, et parmi les personnes arrêtées figuraient des chefs traditionnels et des personnes âgées, dont un vieillard incapable de se déplacer seul. Depuis ces arrestations, les familles des détenus sont sans nouvelles de leurs proches, certains étant présumés morts. Deux corps ont été retrouvés, l’un égorgé et l’autre brûlé à Ndorgollé, tandis que deux autres personnes sont portées disparues.

Ces opérations n’ont pas été accompagnées de combats, et les témoins n’ont signalé aucune présence des forces maliennes. Ce qui renforce la perception d’une intervention exclusive de Wagner. En plus des arrestations, plusieurs dizaines de bovins ont été abattus. Ce qui constitue une lourde perte pour les communautés peules, pour lesquelles le bétail constitue une richesse essentielle.

Présence accrue de Wagner à Nampala depuis mai

Le groupe Wagner a renforcé sa présence à Nampala, depuis mai 2024, lorsqu’il s’est établi dans le camp militaire malien de la région. Auparavant, ses forces devaient venir des camps voisins pour mener des opérations. Le silence de l’armée malienne face à ces événements est frappant, et malgré les tentatives de contact par des médias comme RFI, aucune réponse n’a été donnée.

La montée en puissance des opérations de Wagner a débuté au cours de l’été, période pendant laquelle plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées ou tuées, notamment en août. Depuis environ un an, une intensification des opérations militaires est également observée, notamment contre les djihadistes de la Katiba Macina, groupe affilié à Al-Qaïda, qui opère, depuis des années, dans la région en imposant ses règles et en minant les routes empruntées par les forces maliennes.

Des opérations perçues comme des actes de vengeance

Les incursions de Wagner ne sont pas perçues comme des actions visant à sécuriser la région, mais plutôt comme des représailles contre les populations locales, soupçonnées de complicité avec les djihadistes. Une source locale explique : « S’ils arrêtaient des gens sur la base de renseignements précis et transmettaient les suspects à la justice, ce serait compréhensible. Mais ici, ils tuent sur place ou procèdent à des arrestations massives, sans procédure légale ».

Plusieurs personnes relâchées après leur arrestation ont témoigné de mauvais traitements. Elles décrivent des actes de torture tels que des membres cassés, des brûlures ou encore des simulacres de noyade. De plus en plus d’habitants fuient la zone, craignant autant les djihadistes que les interventions brutales de Wagner et de l’armée malienne. Des centaines de familles se sont déplacées vers la Mauritanie voisine pour échapper à la violence.

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Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
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