L’une des commissions du grand dialogue national inclusif du Mali, qui s’est réuni à Bamako, a abordé la question de l’adoption de la loi islamique : la charia. Pendant la cérémonie d’ouverture de cet évènement, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a déclaré qu’au Mali, la consécration d’une nouvelle autorité légitimée se fait de jour en jour prenant comme appui un nouveau système d’administration, d’enseignement et de justice ; il s’agit de la consécration tacite de la charia.
Dans certaines localités du centre et du nord du Mali, les membres des mouvements djihadistes appliquent par force et même parfois avec la complicité et le consentement de la population, la loi islamique. Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a donc abordé la question pour examiner, ensemble avec les participants au dialogue, les possibilités d’adoption ou non de cette loi. Si certains participants sont d’accord pour son adoption, d’autres s’y opposent farouchement.
Eviter les pratiques barbares et rétrogrades
Le membre de la société civile, Traoré Lalia Ba, a manifesté une vive opposition à une possible adoption de la charia au plan national. Pour lui, un tel acte porterait atteinte à la laïcité des citoyens. Pour lui, il est inconcevable d’intégrer la loi islamique au système éducatif du Mali parce que la nation malienne est laïque.
A contrario, Me Ibrahima Ndiaye, notaire et membre du haut conseil islamique du Mali, s’inscrit au rang des âpres défenseurs de la justice ou de l’éducation régie par la charia. Pour lui, certains citoyens sont très imprégnés dans la religion islamique et on ne devrait pas les empêcher de recourir à la justice traditionnelle instaurée par la charia pour résoudre leurs problèmes, s’ils le désirent.
Pour Djadja Traoré, il ne s’agit pas d’être d’avis ou non. Le véritable enjeu est d’éviter d’adopter des pratiques barbares et rétrogrades. S’il faut adopter la loi islamique, il faudra étudier de fond en comble ses contours pour ne pas revenir vers des pratiques dignes de l’ère médiévale.
Une nouvelle loi donc, la charia, qui est encore au stade de débats, mais dont l’application dans ce pays d’Afrique de l’Ouest pourrait être lourde de conséquences, notamment sur les droits humains.