Mali : des atrocités continues et impunies documentées par Human Rights Watch


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Soldats en Somalie
Des soldats en Somalie

Depuis le retrait de la mission de maintien de la paix de l’ONU (MINUSMA) il y a un an, les violences commises contre les civils au Mali ont pris une ampleur alarmante. Les forces armées maliennes, soutenues par le groupe paramilitaire russe Wagner, ainsi que les groupes armés islamistes, ont intensifié leurs attaques, en particulier dans le centre et le nord du pays.

Ces événements ont eu des conséquences tragiques pour la population civile, avec des meurtres, des disparitions et des incendies criminels. Human Rights Watch (HRW) a documenté ces violations des droits humains, soulignant l’absence de justice et la poursuite des atrocités.

L’impact du retrait de la MINUSMA

Le retrait de la MINUSMA à la fin de l’année 2023, à la demande des autorités maliennes, a suscité de vives préoccupations concernant la sécurité des civils. Ce départ a exacerbé les difficultés de surveillance des violations des droits humains et la protection des populations vulnérables. La mission de l’ONU avait joué un rôle clé dans la documentation et la dénonciation des abus, et son départ a laissé un vide en matière de supervision des forces impliquées dans le conflit.

Depuis ce retrait, les forces maliennes, souvent appuyées par le groupe Wagner, ainsi que les groupes armés islamistes, ont intensifié leurs attaques contre les civils. Selon Human Rights Watch, entre mai et octobre 2024, ces violences ont coûté la vie à au moins 32 civils, tandis que plusieurs autres ont été enlevés et des centaines de maisons incendiées. Les groupes islamistes, notamment le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), ont aussi intensifié leurs offensives. Le GSIM a notamment mis le feu à plus de 1 000 maisons et volé des milliers de têtes de bétail, provoquant ainsi le déplacement de milliers de personnes.

Les exactions des forces maliennes et du groupe Wagner

Les abus commis par les forces maliennes et leurs alliés russes sont nombreux. Human Rights Watch a recueilli des témoignages de civils ayant survécu à des attaques, notamment à la suite de frappes aériennes menées par des drones militaires maliens. En août 2024, une telle frappe a tué sept civils à Tinzaouaten, dont cinq enfants. Un témoin a raconté la souffrance de son enfant, gravement blessé, qui est mort en chemin vers l’hôpital. Ces frappes indiscriminées, sans distinction entre combattants et civils, ont été observées dans plusieurs régions du pays, notamment dans le centre du Mali.

Les forces maliennes, soutenues par Wagner, ont également été accusées de commettre des abus contre des communautés qu’elles suspectaient de soutenir les groupes islamistes. Les témoignages recueillis par Human Rights Watch indiquent des exécutions sommaires et des pillages dans des villages ciblés par les militaires maliens et leurs alliés russes. Le groupe Wagner, désormais rebaptisé « Africa Corps » après la mort de son dirigeant Evgueni Prigojine en 2023, a été impliqué dans plusieurs de ces opérations violentes.

Les crimes des groupes armés islamistes

Les groupes armés islamistes, en particulier le GSIM et l’EIGS, ont également commis des violations graves. Ces groupes ont ciblé les civils qu’ils accusaient de collaborer avec les milices locales ou les autorités maliennes. Ainsi, dans la région de Bandiagara, le GSIM a incendié plus de 1 000 maisons et dérobé du bétail dans le but de punir les communautés qu’ils accusaient de soutenir la milice d’autodéfense Dan Na Ambassagou. Ces attaques ont entraîné le déplacement massif de la population et exacerbé la crise humanitaire.

Les groupes islamistes, en plus des violences physiques, ont imposé des règles strictes aux populations locales. À Danibombo, un homme a témoigné que les combattants du GSIM avaient contraint les femmes à se couvrir de la tête aux pieds, et lorsque les habitants ont résisté, ces derniers ont été battus et les villages ont été pris pour cibles. Les attaques de l’EIGS, quant à elles, se sont souvent concentrées sur les camps de personnes déplacées, comme en août 2024 à Ménaka, où sept civils ont été tués lors d’une attaque sur un tel camp.

L’inefficacité de la justice et la nécessité d’une responsabilité accrue

Malgré les nombreuses violations des droits humains documentées, les autorités maliennes ont largement échoué à traduire en justice les responsables, qu’ils appartiennent aux forces armées maliennes, au groupe Wagner ou aux groupes islamistes. En avril 2024, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a prolongé d’un an le mandat de l’Expert indépendant sur la situation des droits humains au Mali. Mais celui-ci ne dispose pas des ressources nécessaires pour enquêter efficacement.

Human Rights Watch appelle les autorités maliennes à coopérer étroitement avec l’Expert indépendant des Nations Unies et à mener des enquêtes rapides et approfondies sur les violations des droits humains. Cependant, les gouvernements successifs ont montré une réticence inquiétante à engager des poursuites. Cela facilite la perpétuation des abus et l’aggravation de la situation.

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Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
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