Alors que les médias internationaux donnent du Mali l’image d’un pays qui s’enlise de jour en jour dans la crise, certaines actions de solidarité contribuent à redonner de l’espoir aux populations de la région de Kayes, à l’Ouest du pays. Ainsi les initiatives remarquables de l’association AJIR, la « Jeunesse Interculturelle de Romainville », petite commune de l’Est parisien…
AJIR est une Association née en 2013 de la volonté d’engagement social et solidaire d’un groupe de jeunes de Romainville auxquels l’école n’avait pas vraiment fourni les formations qui leur auraient permis d’accéder facilement à l’emploi. Autour du sport, d’abord, puis de l’organisation d’événements locaux, de manifestations de loisirs collectifs, et rapidement de soutien social et d’actions humanitaires, ces jeunes trouvèrent une voie originale vers la réussite, par le biais de leur engagement collectif.
Depuis plusieurs années déjà, cette action locale et sociale est couronnée d’une nouvelle déclinaison internationale, une mobilisation humanitaire en direction du Mali, dont plusieurs d’entre eux sont d’ailleurs originaires, tels Daouda Gory, l’un des responsables de ces nouveaux chantiers, qui évoque « l’élan de générosité suscité au sein de la population de Romainville ». La situation actuelle du Mali rend en effet difficile le soutien des collectivités à des opérations impliquant le déplacement sur place, du fait des restrictions sanitaires de déplacement et des mesures sécuritaires. C’est donc bien la population de Romainville elle-même qui a mis la main à la poche, contribuant, chacun dans la mesure de ses moyens, à la mise en œuvre des opérations.
En 2020, c’est le village de Walida, dans la région de Kayes, qui vit ainsi se dérouler les travaux de forage d’un puits qui depuis lors permet un accès plus aisé à l’eau potable des nappes phréatiques. Les travaux se poursuivent au fil des mois pour déployer un réseau de canalisations secondaires rapprochant les habitations de l’eau courante.
En 2021, depuis quelques jours à peine, c’est la localité de Dialaka, toujours dans la région de Kayes, qui voit se dérouler la construction d’un centre de santé et d’une maternité, au plus près des populations, tandis que des dotations scolaires sont réparties entre les enfants afin de faciliter leur éducation. Les méthodes d’action sociale acquises par les bénévoles de l’association AJIR sur le terrain, près de Paris, se déclinent ainsi au Mali : actions pour l’éducation, pour la santé, donc pour le développement, dont ce sont les deux clefs.
Prolongement logique des initiatives mises en place à Romainville depuis le déclenchement de la crise COVID en 2020, où près de 500 familles sont accompagnées par la répartition de colis alimentaires, soutenues dans l’accès à leurs droits sociaux, dans la lutte contre l’échec scolaire et la fracture numérique. De même, c’est pour donner aux habitants de Walida et de Dialaka les moyens de prendre en main leur destin qu’AJIR intervient désormais en leur sein, profitant des réseaux de solidarité qui existent entre les Maliens et leurs cousins français, qui n’ont pas oublié leurs racines.
Le génie des membres de l’Association AJIR a été d’utiliser au maximum la capacité de communication qu’offrent les réseaux sociaux pour fédérer de multiples soutiens autour de leurs initiatives : à la fois pour attirer les donateurs, et pour leur faire suivre en direct les opérations engagées… Magie d’Internet qui, bien employé, décuple les bonnes volontés !
Avec évidemment l’intercession précieuse de quelques aînés, membres comme Daouda Gory du Haut Conseil des Maliens de France, tels Yacoubou Dembele, qui appartient au Conseil Economique Social et Culturel du Mali, et qui facilite les relations avec les officiels maliens, ou Dalla Drame, dont l’expérience contribue grandement à la structuration des projets et à leur mise en place concrète, sans oublier Sekou Dieouné, qui supervise l’avancée des travaux et les réalisations, quand les bénévoles de l’association quittent les lieux et rentrent en France.
Ils y rentrent avec le sentiment d’avoir été utiles, en contribuant, mieux peut-être que des soldats ou des diplomates, à faire vivre et perdurer l’amitié et l’affection qui lient indissolublement deux peuples, Français et Malien, dont les racines et les valeurs s’entrecroisent et se répondent.
Difficile de ne pas rendre hommage aux dizaines de bénévoles impliqués, et à tous les donateurs, Romainvillois et Romainvilloises, particuliers et entreprises, qui s’engagent aux côtés d’AJIR dans ces actions concrètes, qui montrent que la mondialisation n’est pas seulement celle des multinationales mais aussi celle de la solidarité et de la générosité. Parce que la Communauté humaine n’a pas de frontière, et que la fraternité au service du développement est la meilleure antidote aux discours de haine et de division…