La première édition du Raid Dogon a eu lieu au Mali du 21 au 28 novembre dernier. Serge Jaulin nous livre ici son carnet de bord de la course. Serge Jaulin est réalisateur cameraman et pratique la course nature Trail depuis une dizaine d’années. Adepte des longs parcours découverte, pour lui la course à pied est un moyen de voyager et découvrir.
Jean-Pierre Poidevin, ce vieux renard du désert qui a traîné ses running sur des centaines de kilomètres de pistes et de dunes de la Mauritanie au Sud égyptien, proposait, en cette fin novembre, le premier Raid Dogon . Au programme : 126 kilomètres de course répartis en cinq étapes de 19 à 25 kilomètres de piste et de sable au cœur du pays Dogon, sans doute le plus magique de l’Afrique de l’Ouest. Lors de son premier passage, Jean-Pierre avait été envoûté par la beauté de ce vaste plateau bordé par les falaises de Bandiagara, aux flancs desquelles les Dogons ont construit des villages à l’architecture audacieuse, reliés entre eux par les sentiers du vertige. Il n’en fallait pas moins pour que ce traceur de route y crée un parcours envoûtant, tout en s’appuyant sur une logistique et une collaboration locale qui, pendant une semaine, allaient créer une ambiance unique pour cette première édition.
21 novembre, 12h30, aéroport de Mopti. Le thermomètre affiche 38°, pas de doute nous sommes bien en Afrique. Après avoir satisfait aux obligations administratives, c’est le premier contact avec l’ambiance décontractée et sympathique du Mali, avant de quitter la ville en direction du premier campement, à Didjibondo. La fin de journée se finit par une visite de ce premier village qui enchante tout le groupe. Cette première nuit en bivouac, couché sur les toits des maisons, laissera de grands souvenirs.
Sport et culture
A 6 heures du mat’ c’est le réveil. Petit déj’ soft (léger, ndlr) et préparation pour le départ à 7h30 de la première étape : 21 kilomètres jusqu’à Yabatalou. Dès le départ, c’est un groupe de quatre qui se détache : Jacques Rey, Jean Marc Legros, Yvonne Radondy et Pascale Fouques. Ils se jouent de tous les pièges de cette première partie très technique qui dévale à travers les sentiers vertigineux de la falaise de Bandiagara, la plus spectaculaire et représentative du pays Dogon. Au pied de celle-ci, sur la piste sablonneuse et roulante qui longe la falaise, les deux hommes ont pris quelques minutes d’avance. C’est Jacques Rey qui l’emporte en 1h42’05 devant Jean-Marc. Cinq minutes plus tard, Pascale Fouques et Yvonne Radondy rejoignent à leur tour le superbe village de Yabatalou, bâti sur son pic rocheux. Le reste des coureurs finit peu éprouvé par cette première étape et émerveillé par cette rencontre avec le centre historique et sacré du pays Dogon. L’après-midi sera consacrée à la visite culturelle de la journée avec un sympathique et généreux guide local. Cette formule, qui marie épreuve sportive le matin et découverte touristique et culturelle l’après-midi, a totalement séduit les participants.
Seconde étape, lever à 5h30 pour un parcours que redoutent tous les coureurs. 19 kilomètres de sable entre Yabatalou et Nombori. Pour certains, c’est le premier contact avec les dunes et ça rajoute encore à l’ambiance, d’autant que le thermomètre flirte avec les 36°. En tête de course, même scénario que la veille. Le groupe des quatre se fait la belle dès les premiers kilomètres. Ils ne seront plus revus, et c’est une nouvelle fois Jean Rey qui l’emporte en 1h43′ 32 » devant Jean-Marc. Pascale et Yvonne terminent main dans la main en 1h55’23 ». Les dunes et dunettes ont usé les organismes, mais la beauté des paysages et l’arrivée dans le somptueux village de Nombori, situé au pied de la falaise dans la région la plus pittoresque du pays Dogon, fait oublier la fatigue. Visite et récupération compléteront la journée. Troisième étape : Nombori-Banani, soit 23 kilomètres de piste et de sentiers légèrement sablonneux. C’est l’étape la plus roulante. Dès le départ, c’est Pascale Fouques qui donne le ton, elle mènera la danse pendant quelques kilomètres avant d’être rejoint par Dominique Demaiziere, Yvonne Radondy, Jean-Marc Legros et Jean Rey . Ce dernier l’emporte en 1h48’47 ». Chez les femmes, c’est Yvonne Radondy qui rejoint la première le village de Banani, qui jouit d’une vue superbe sur la plaine qui s’étend jusqu’au Burkina Faso.
La fatigue au bout des dunes
Après ces trois premières étapes, les mollets ont accumulés 63 kilomètres de sentiers techniques de dunes et de pistes sous une chaleur éprouvante. Les organismes commencent à être vraiment éprouvés alors qu’on est à la veille de la plus longue étape qui sera sûrement décisive. L’après-midi est donc consacrée au farniente et à la récupération.
Réveil 5h30. La nuit a été sublime sous le ciel étoilé. Au programme de la journée : 25 kilomètres entre Banani et Yanda. Quelques petits ennuis gastriques familiers en Afrique laissent les traces d’une nuit un peu agitée, et c’est un peloton un peu chiffon qui prend le départ de l’étape la plus longue, mais aussi de celle qui sera la plus chaude, avec des pics à plus de 38°. Les paysages sont toujours aussi prenants et grandioses. Dans cet univers de beauté au cœur des grands espaces maliens, Yvonne Radondy, cette «globe runner » qui a foulé quelques-uns des plus beaux sentiers du monde, du Népal au Ventoux, se sent pousser des ailes. Sur les pistes vers Yanda, elle se transcende et, sans complexe, gagne l’étape en 2h30 ‘10 »devant Jean-Marc Legros qui termine à 20 secondes et prend la tête du classement général qu’il ne quittera plus. Les uns après les autres, les traileurs arrivent au terme de cette étape dans un état de grande fatigue. Les visites de l’après-midi seront écourtées, priorité à la récup’…
Dernière étape
Cinquième et dernière étape : Yanda-Kassa, soit 24 kilomètres. Malgré les souffrances de la veille, aucun d’abandon. Tout le monde est ravi d’être au départ de cet ultime tronçon. On sent dès les premiers kilomètres que l’ambiance n’est plus à la bagarre, mais plutôt au partage, à l’échange, à l’envie de boucler ensemble les deniers kilomètres de cette aventure humaine, de cette parenthèse vécue loin des turpitudes grisâtres de l’hiver européen. La traversée des nombreux villages se fait sous les chaleureux encouragements des villageois et accompagnée par de nombreux enfants, ce qui redonne du courages aux plus éprouvés et les aide à boucler les derniers kilomètres. Jacques Rey et Jean-Marc Legros remportent cette ultime étape en 2h18’38 », suivis de Pascale Fouques et Yvonne Radondy en 2h25’27 ».
Ces quatre animateurs du premier Raid Dogon rejoignent les derniers, à deux kilomètres de l’arrivée, et c’est ensemble qu’ils terminent cette aventure en pays Dogon. Avec une seule envie : être à nouveau au départ de la seconde édition du 20 au 27 Novembre 2006.
Classement Hommes :
Jean Marc Legros : 10h10’01 »
Jacques Rey : 10h15’31 »
Dominique Demaiziére : 11h45’48 »
Classement Femmes :
Yvonne Radondy : 10h32‘02 ‘’
Pascale Fouques : 10h46‘13 ‘’
Agnès Meybeck : 13h 44‘07‘’
Contact :
Afrique désert Aventurede
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