Au Mali, le commandant Daouda Konaté, secrétaire général du syndicat des surveillants de prison, a été officiellement localisé après avoir été porté « disparu » depuis le 25 octobre. Le 30 octobre, il a été placé en détention et inculpé pour « atteinte à la sûreté de l’État » et « atteinte au crédit de l’État ».
Les circonstances de son arrestation révèlent une intervention musclée : le commandant aurait été interpellé par les forces de sécurité puis conduit à la gendarmerie de Bamako, où il est actuellement détenu. L’inculpation survient dans un contexte tendu, alors que le commandant Konaté avait publiquement critiqué les conditions de travail des surveillants de prison et dénoncé la gestion du système carcéral malien, ciblant notamment le ministre de la Justice.
Les charges contre lui ont été renforcées après la diffusion d’un enregistrement audio largement partagé sur les réseaux sociaux. Dans cet enregistrement, dont l’authenticité est encore en cours de vérification, une voix que les autorités attribuent à Daouda Konaté appelle au « soulèvement populaire » pour renverser les institutions de l’État. Pour l’instant, le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité mène des analyses pour confirmer l’identité de la voix dans l’audio, un élément important pour l’enquête.
Répression sous prétexte de sécurité nationale
Les partisans du commandant Konaté dénoncent ce qu’ils considèrent comme une répression des voix critiques au sein de la fonction publique. L’arrestation du commandant Daouda Konaté, secrétaire général du syndicat des surveillants de prison, vient s’ajouter à une série de répressions accrues au Mali, orchestrées par les autorités de transition en place depuis le coup d’État de 2020. Konaté rejoint la liste des opposants, militants et journalistes visés par une répression intense, souvent justifiée sous le prétexte de la sécurité nationale.
Depuis leur arrivée au pouvoir, les nouvelles autorités maliennes sont également soupçonnées de collusion avec le groupe russe Wagner, accusé d’implication directe dans des exactions et violations des droits humains. Le groupe Wagner, réputé pour ses actions controversées en Afrique et ailleurs, est présent au Mali depuis 2021 pour aider les autorités à lutter contre les groupes djihadistes. Cependant, plusieurs organisations internationales et observateurs accusent ce groupe de mener des opérations brutales aux côtés de l’armée malienne.
Exécutions sommaires et prison pour les civils
Des témoignages et rapports de Human Rights Watch et d’Amnesty International documentent des massacres de civils, notamment lors d’opérations dans le centre et le nord du pays. Le massacre de Moura, en mars 2022, où plusieurs centaines de civils auraient été tués lors d’une opération conjointe de l’armée malienne et de Wagner, reste emblématique de ces violences. Selon les témoignages de survivants, des soldats maliens, accompagnés de membres de Wagner, auraient sommairement exécuté des civils, en ciblant parfois des villages entiers.
Les autorités de transition continuent de nier toute collusion dans ces actes, mais l’implication du groupe Wagner reste un sujet sensible. Outre les exactions, Wagner est également accusé de jouer un rôle dans la répression de l’opposition interne. Des témoignages rapportent des intimidations, disparitions et arrestations d’opposants politiques, que l’on soupçonne parfois de collaboration avec des forces étrangères maliennes.
Surveillance des réseaux sociaux et des médias
Les forces de sécurité maliennes, appuyées par Wagner, sont également accusées d’exercer une censure sévère sur les médias, dont certains ont été fermés pour avoir publié des informations perçues comme hostiles au gouvernement. Plusieurs journalistes et activistes rapportent des intimidations et, dans certains cas, des arrestations. Wagner serait impliqué dans la surveillance des réseaux sociaux et des médias, en soutenant la censure et les actions répressives du gouvernement pour limiter les critiques à l’égard du régime.
Les arrestations répétées, les exécutions sommaires présumées, et la censure exercée sur les journalistes créent un climat d’angoisse et de méfiance au Mali, où la présence de Wagner semble accroître les tensions.