La confusion règne de nouveau à Bamako. Les pro-putchistes ont désigné dans la nuit de mardi à mercredi le capitaine Amadou Sanogo comme nouveau chef de la transition. Réunis depuis le 21 mai au centre international de conférence de Bamako, ils réclament le départ de Dioncounda Traoré. Une situation qui plonge à nouveau Bamako dans l’imbroglio politique.
Bamako n’est pas au bout de ses peines. Le capitaine Amadou Sanogo a été désigné nouveau président de la transition par les membres de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (Copam) pro-putschistes. Réunis depuis le 21 mai au centre international de conférence de Bamako, ils réclament toujours le départ du président intérimaire Dioncounda Traoré. Ils ont rejeté l’accord conclu entre Amadou Sanogo et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et signé une convention qui précise le rôle du chef de la junte. Selon cette convention, sa « mission prioritaire sera le recouvrement de l’intégrité du territoire avec l’ensemble de l’armée, du peuple malien et des pays amis épris de paix ». Il sera également chargé d’organiser avec « une administration neutre et impartiale les élections transparentes et crédibles ».
Le départ de Dioncounda Traoré exigé
Les pro-putschistes estiment que seule la junte est apte à diriger la transition. Ils ont appelé Dioncounda Traoré agressé lundi soir à son bureau, à Kaloumba, à faire preuve de « sens civique élevé et patriotique » pour se retirer. Amadou Sanogo, qui a rendu le pouvoir le 6 avril après avoir mené le coup d’Etat contre Amadou Toumani Touré, n’a pour le moment pas réagi à cette décision. « Cette désignation est tout simplement une plaisanterie » pour Abdoulaye Kanté, un des dirigeants de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), parti de Dionconda Traoré. « Le ridicule ne tue pas. Les initiateurs de cette rencontre font leur baroud d’honneur, mais il y a aussi de l’irresponsabilité face à la situation », a-t-il ajouté. Selon lui, « le capitaine Sanogo, sollicité, n’a pas répondu favorablement, et il ne répondra pas ». « Il n’y a qu’un président de la transition, il est connu, c’est Dioncounda Traoré », a-t-il rappelé.
Amadou Sanogo assigné au rang de chef d’Etat
Le mutisme du capitaine Sanogo n’est pas anodin. La Cedeao a dû lui faire des faveurs pour que les négociations qui ont permis à Dioncounda Traoré de continuer à diriger la transition puissent aboutir. Une proposition que le chef des putschistes, qui ne s’est jamais mis à l’écart du pouvoir, avait pourtant au départ rejetée. Le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibril Bassolé, a en effet affirmé que « le capitaine Amadou Sanogo a un statut d’ancien chef d’Etat. Il bénéficiera des avantages dus à son rang ». Il aura droit « au traitement et aux indemnités accordés à un chef d’Etat à la retraite. Il aura notamment une garde rapprochée, il sera logé par l’État ». Cette nouvelle crise plonge à nouveau Bamako dans le désarroi. D’autant plus que la situation dans le Nord-Mali ne s’arrange pas.
Lire aussi :
Mali : Bamako se heurte de nouveau à la crise du nord
Mali : vives émotions après l’agression de Dioncounda Traoré