Ce lundi, la Cour d’assises de Bamako a ordonné, sans verdict, l’arrêt des poursuites contre Amadou Sanogo, le putschiste de 2012. Il était inculpé de l’assassinat de 21 éléments de la troupe d’élite, les « bérets rouges ».
Le général Amadou Sanogo et ses quinze co-accusés libérés en janvier 2020, après 6 ans de détention, dans l’affaire de l’assassinat de 21 éléments des « bérets rouges » vont bénéficier de l’arrêt des poursuites à leur encontre. « Sur la base de la loi d’entente et le protocole d’accord signé entre le gouvernement de la République et les victimes, la cour ordonne que l’action soit éteinte contre les inculpés, qu’ils soient immédiatement libérés si aucune autre charge n’est retenue contre eux ». C’est en ces termes que s’est exprimé, ce lundi, Gaoussou Sanou, le président de la Cour d’assises.
Ladite décision, rendue sans verdict, s’appuie sur la loi de réconciliation adoptée en 2019 et qui amnistie les crimes spécifiques commis au Mali, pendant la crise de 2012. La défense ne cache pas sa satisfaction face à la décision de la Cour. « Le Mali n’a pas besoin d’un procès qui va aboutir à des assassinats, à des atrocités. Le pays a compris et le pays a pris une loi d’entente nationale qui vient d’être appliquée. Les lois sont faites pour être appliquées. Je dis encore merci à tout le monde, surtout aux magistrats qui ont eu le courage de rendre cette décision », a laissé entendre Me Tiesolo Konaré, avocat d’Amadou Sanogo.
En revanche, du côté de la partie civile, c’est la consternation. « Libérer Amadou Sanogo qui a massacré des gens, enlevé les femmes et les a violées. C’est une honte. Cette date doit être inscrite dans l’histoire du Mali. Je vais saisir la justice internationale. Là-bas, le droit sera dit », a laissé entendre Amina Soumaré.
Avant même l’audience, le président de la Commission nationale des droits de l’Homme, Aguibou Bouaré, avait opiné, dans une vidéo publiée sur le site de sa structure : « Il faut nécessairement que le procès aille à son bout, que les droits des victimes à une réparation intégrale soient respectés, une loi d’entente nationale ne peut pas être invoquée pour assurer l’impunité (…) Le Mali n’a pas besoin d’une telle injustice, d’une telle impunité qui marque vraiment un recul profond en matière de respect et de protection des droits de l’Homme ».
En vidant ainsi cette affaire, la justice malienne débarrasse le gouvernement d’une affaire qui l’a longtemps embarrassé, sauf si la partie civile décide de faire appel.
Il faut rappeler que le capitaine Amadou Sanogo est l’homme du coup d’État de mars 2012 qui a mis fin au régime d’Amadou Toumani Touré. Il reste à la tête de l’État quelques jours avant de passer, sous les pressions internationales, la main à un Président intérimaire, Diocounda Traoré, le 12 avril 2012. Le 14 août 2013, Amadou Sanogo est promu au grade de général de corps d’armée.