Dans la région de Ségou, au centre du Mali, l’armée malienne et ses alliés, les chasseurs traditionnels dozos, sont accusés d’exactions ayant fait de nombreuses victimes dans plusieurs villages. Le 28 janvier 2025, une patrouille composée de militaires maliens et de dozos aurait tué au moins une vingtaine de personnes et détruit plusieurs habitations et greniers dans les communes de Boky Wéré et Moninpebougou. Les témoins évoquent une violence aveugle qui a semé la terreur parmi la population, plusieurs personnes seraient toujours portées disparues.
L’incident aurait commencé le matin du 28 janvier, lorsque les forces maliennes et les chasseurs dozos sont arrivés à Kabanbougou, vers 10 heures. Selon les témoignages recueillis par des sources locales, les hommes armés ont incendié des maisons et des greniers avant d’arrêter deux habitants. L’un d’eux a été retrouvé mort à quelques kilomètres du village, tandis que l’autre reste introuvable.
Des exactions présumées dans plusieurs villages
Après cet épisode, les soldats et les dozos ont poursuivi leur route et traversé d’autres villages, dont Diarrakala et Bocaribougou, dans la même commune de Boky Wéré. Là, treize autres personnes ont été tuées et plusieurs habitations ont été réduites en cendres. La patrouille a terminé sa journée à Moninpebougou, dans la commune voisine, où de nouvelles victimes ont été signalées. Les bilans varient selon les sources, mais l’ampleur des destructions et des pertes humaines semble importante.
Les témoignages des habitants sont accablants. Une victime rapporte : « Ils ont arrêté mon frère et incendié ma maison. Mon frère est toujours introuvable. » D’autres témoignent de la peur qui a poussé de nombreux villageois à fuir en brousse : « La plupart des villageois ont fui pour échapper à la mort », raconte un habitant sous le choc. Dans la région, où les violences se multiplient, la population semble désemparée, craignant pour sa vie à chaque passage des forces armées et de leurs alliés.
Accords avec les djihadistes dans la région de Macina
Un responsable local des chasseurs dozos a été interrogé par des médias, mais a nié toute implication dans ces événements. Selon lui, si des morts ont eu lieu, il s’agirait uniquement de djihadistes. Cependant, plusieurs sources maliennes, sans donner de détails sur le nombre exact de victimes, pointent directement la responsabilité des dozos dans ces exactions. L’armée malienne, sollicitée par RFI, n’a pas commenté ces accusations.
De nombreux villages de la zone de Macina, où ces attaques ont eu lieu, ont été contraints de signer des accords avec les djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Ces accords, souvent perçus comme des compromis imposés par la force, permettent aux djihadistes de circuler librement et de poursuivre leurs activités agricoles et d’élevage, ce qui renforce leur emprise sur les zones rurales.
Accusations en République centrafricaine et au Mali
Les accusations d’exactions contre les forces armées maliennes et leurs supplétifs rappellent des situations similaires dans d’autres régions du Sahel, notamment en République centrafricaine. Dans ce pays, des allégations d’abus par les forces russes, en lien avec les mercenaires du groupe Wagner, ont suscité une vive inquiétude. Là aussi, les populations locales ont été confrontées à des violences arbitraires, des pillages et des massacres, souvent attribués à des acteurs militaires ou paramilitaires. La question de la responsabilité dans les exactions commises par ces groupes armés est régulièrement soulevée, et les conséquences pour les civils sont dramatiques.
En effet, tout comme les forces maliennes et les dozos, les mercenaires russes du groupe Wagner sont souvent accusés de commettre des violences contre les populations civiles dans les zones où ils opèrent, notamment en République centrafricaine. Dans ces pays, les forces de sécurité et leurs alliés étrangers, qu’ils soient des milices ou des groupes paramilitaires, ont été pointés du doigt pour leur rôle dans l’aggravation des conflits et l’intensification des souffrances des civils.