Une enquête a été ouverte par la justice militaire malienne au sujet d’exactions commises dans le secteur de Moura et attribuées aux forces armées maliennes. Cette décision intervient alors que la communauté internationale met la pression sur les autorités de la Transition.
Le Mali est au centre de toutes les attentions, en Afrique comme à l’international, après des rapports faisant état de centaines de personnes, des civils, massacrées par les forces armées maliennes, qui seraient aidées des « instructeurs » russes de la société Wagner. Des témoignages font état de scènes d’horreur. Creuser sa propre tombe, qui fut un dicton, aurait été une réalité au Mali où des personnes auraient été forcées à creuser des trous dans lesquels elles auraient elles-mêmes été ensevelies, après avoir été exécutées.
Des ONG ont fait état de centaines de personnes abattues, entre le 27 et le 31 mars, à Moura, localité située dans une région réputée être un point focal de la violence au Mali et même dans le Sahel. Cette partie du Mali abriterait pour la plupart des populations peulh parmi lesquelles beaucoup de recrues chez les djihadistes. Ce qui en a sans doute fait une cible privilégiée des forces conjointes armée malienne-mercenaires russes, qui y auraient effectué une descente meurtrière, au point de choquer le monde entier.
Au moment où la communauté internationale partage son indignation et que les Etats-Unis ont demandé à la MINUSMA d’ouvrir une enquête indépendante sous la supervision des autorités maliennes, une position d’ailleurs appuyée par l’Union Européenne, Bamako prend les devants. La justice militaire malienne a en effet annoncé, mercredi 6 avril, l’ouverture d’investigations sur le drame de Moura. « Des enquêtes ont été ouvertes par la gendarmerie nationale sur instructions du ministère de la Défense et des anciens combattants », indique la justice du pays.
Pour les autorités maliennes, il s’agit « de faire toute la lumière sur ces allégations d’exactions présumées commises sur des civils ». Dans un communiqué, le procureur auprès du tribunal militaire de Mopti, ville proche de Moura, précise qu’il se rendra « très prochainement » sur les lieux du drame « avec des enquêteurs et un médecin légiste ». Une façon de freiner l’élan pris par la communauté internationale, qui réclame toute la lumière sur ce qui est qualifié de « crime ». L’armée malienne, s’agissant de cette affaire, parle de « 203 terroristes neutralisés », alors que des témoins font état d’exécutions sommaires de civils.